Elle est partie, cette brillante sociologue et
écrivaine inscrite dans la lignée des grandes féministes musulmanes! Ces écrivaines arabophones ou francophones, -qui, les premières ont introduit l'Ijtihad
dans leurs œuvres littéraires, en faisant du féminisme par et pour l'Islam!
Autrement dit, l'effort de réflexion et de critique dans un mouvement de
libération intérieure, et extérieure, contre la tyrannie et la violence des
traditions obscurantistes. Dans une pensée riche de toutes sa dimension
spirituelle et culturelle, non copiée-collée d'ailleurs, elles n'ont eu
de cesse de dissocier l'Islam des pratiques sexistes et patriarcales endurées
par l’ensemble des femmes musulmanes.
Ainsi,
Fatima Mernissi nous a quittées, au moment où la bestialité de l'obscurantisme
dit "islamique" a muselé les voix des meilleures écrivaines de nos
pays, pour ne laisser rugir que la peur, les imposteurs intellectuels et
l'islamophobie dans tous ses états. Ce monde là, où l'on n'entend plus que les
parvenus politiques et religieux.
Reste notre
Ijtihadisme intellectuel contre le Djihadisme obscurantiste. Celui de la
régression, la destruction et la terreur. Nos luttes avec des mots,
promouvant une renaissance civilisationnelle, culturelle et spirituelle,
sont inscrites dans nos livres, qui bien avant l’heure du désastre géopolitique
actuel, prévenaient déjà, du danger de la foi mise à l'encan des idéologies armées et
de la mort. Qu'adviendra-t-il de nous, les survivantes de l’holocauste des
idées? Qu'en sera t-il de notre liberté, de notre parole, de notre écrits,
quand l'amnésie est ordonnée par les gouvernants, leurs penseurs, quand ce
n'est pas par leurs dieux?
Mourir vivante dans un exil intérieur, telle est la condition de la culture dans nos pays, livrés à la mémoire cannibale des prébendiers...
Mourir vivante dans un exil intérieur, telle est la condition de la culture dans nos pays, livrés à la mémoire cannibale des prébendiers...
Mais, Fatima
Mernissi, s'est éteinte dans la douce lumière de sa terre natale, et sûre
d'être à jamais vivante dans l'histoire de son pays.
Quant à moi, je suis immensément triste. Mais, il me reste beaucoup de souvenirs...Comme celui de notre
première rencontre, à Paris, lors d’une conférence à laquelle nous étions
invitées en 1987. Elle venait de publier son premier livre - "Sexe, Idéologie, Islam" (Paris, 1985)
- et 2 ans après la sortie de mon troisième ouvrage "Ordalie des
Voix"(Paris, 1983), qu'elle avait lu, et dont elle me dit: "Tu vas être contente,
en lisant le mien, il répond à ce que tu as écrit :" J'espère que
d'autres femmes continueront dans la voie de ma recherche."
Un étrange serment nous unissait, par delà les frontières de l’Algérie, du Maroc et de l'Egypte... Car en 1982, au Caire, Nawal el Sadawi, apprenant le sujet de mon projet de livre, m'avait confiée : " tu es la récompense de ce je souhaitais, il faut que chacune agisse selon ses moyens, il faut que notre monde change, qu'il prenne conscience!"
Un étrange serment nous unissait, par delà les frontières de l’Algérie, du Maroc et de l'Egypte... Car en 1982, au Caire, Nawal el Sadawi, apprenant le sujet de mon projet de livre, m'avait confiée : " tu es la récompense de ce je souhaitais, il faut que chacune agisse selon ses moyens, il faut que notre monde change, qu'il prenne conscience!"
Repose en
paix, Fatima - la- magnifique, tu as bien relevé le défi, et avec panache! Que la
terre de ton beau pays, te soit légère, douce et parfumée, comme tu l'as été
dans la vie.
إِنَّا للهِ وَإِنَّـا إِلَيْهِ رَاجِعونَ