dimanche, avril 15, 2007

L´EXPÉDITION BADR´ DU "MAGHREB ISLAMIQUE"


PLUS JAMAIS ÇA, INSH´ALLAH!








[Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne.] Aldous Huxley
__________________________________

En effet, la leçon de l`Histoire actuelle est que le
« terrorisme islamique » d`aujourd´hui était annoncé depuis près de 60 ans… ( Quand la Palestine fut arrachée à son peuple) – jusqu`à ce qu´il soit devenu ce qu`il est aujourd’hui : un caméléon capable de changer de peau à travers le temps et la distance. . Mais en Occident, nul n´osera jamais le dire...
Je sais, ce sont des arguments « politiquement incorrects » au regards de ces analystes d´experts de la confusion des esprits.

Justement, la confusion intentionnelle, se remarque quand il s`agit des attentats en Algérie - avec les sempiternels arguments : "de vie bouchée, jeunesse désespérée, injustice sociale, etc. Comme si au Maroc, en Tunisie, ou en Europe, et USA, ces problèmes sociopolitiques n´existaient pas.
Les misères du chômage, des injustices sociales, et des "sans-abri", font que le désespoir en Occident se shoote au amphétamines, ou à l`alcool, et ici à l`islamisme, quand ce ne sont les boat people au large de l`Océan…
Le phénomène de ces embarcations précaires où l'on s'entasse pour une périlleuse et mortelle traversée de la Méditerranée, n´est pas le propre de l`Algérie…. Soyons sérieux. Sinon, au moins honnête.
En premier lieu, il faut rappeler que, le terrorisme, tel que l'a connu l'Algérie des années 1990, a bien été vaincu, et la situation sécuritaire d'aujourd'hui est sans commune mesure avec celle d'hier. Cette "décennie de sang" – de 1990 à 2000 où les terroristes se baladaient comme ils le voulaient à toutes les heures de la nuit et une bonne partie des heures du jour dans la plupart des régions du pays.
Là où le « bât blesse » ( la sensibilité des intégristes de tous bords!) c`est qu`aujourd´hui, l’Algérie n’est plus ce pays affaibli et dont les structures de l’Etat sont vulnérables. Sa politique de « réconciliation nationale » - sans cependant négliger la traque quotidienne des islamistes armés - lui a permis une accalmie de cinq ans, et de s´ engager dans un nouveau processus de développement dans lequel des partenaires de pays occidentaux sont associés. A cela, s`ajoutent les prochaines élections législatives, au cours desquelles, certaines personnalités et partis islamistes ne sont pas autorisés à participer. En outre, Le gouvernement algérien venait d'annoncer sa volonté de créer une loi plaçant l'enseignement coranique sous la règlementation de l'Etat, établissant ainsi un moyen de contrôle de ces écoles souvent utilisées comme centre d'endoctrinement et de recrutement.
A propos de « recrutement » - l´Algérie comme d`autres pays Magrébins tels la Tunisie et le Maroc, veillent à ne laisser partir de leur pays aucun jeune qui voudrait aller combattre en Irak… d´où la frustration et le désespoir faisant d`eux des proies faciles pour l´ambition des émirs locaux.

Cependant, ces attentats qui ont provoqué un carnage, à Alger, et à Casablanca, ne surprennent pas, car d´une part, on sait que le but de la nébuleuse intégriste, salafiste est d`instaurer un état islamique dans le monde arabe, et de l´autre, partout, dans le monde musulman les ingrédients pour de telles tragédies sont réunis, depuis que les terrorismes d´Etats ne se gênent plus pour massacrer à visage découvert, des populations et occuper sans vergogne des pays dans le monde musulman.
Le simplisme démagogique est de faire croire que « les attentats qui ont provoqué un carnage sont la conséquence "de la main tendu de l`actuel régime aux islamistes"...

À cela, il faut savoir que les Algériens ont ressenti dans leur propre chair durant quinze ans ce que le terrorisme islamique veut dire. Ils n'ont pas attendu Ben Laden pour connaître l'extrémisme religieux. En 1994, l´Algérie avait près de trente-cinq mille islamistes armés dans les maquis. Aujourd'hui, les différents chiffres des services algériens et étrangers donnent entre sept cents et huit cents activistes.
Le GSPC – il faut le rappeler : faisait encore partie des GIA [Groupes islamistes armés] - puis s'en est séparé en 1996 avant de surgir, sous son appellation propre, en 1998. Il a été le seul groupe islamiste armé qui a rejeté le projet du président, algérien portant la paix et la réconciliation. L`une des conséquences de cette loi d`amnistie a été de faire perdre toute légitimité du GSPC auprès de la population algérienne. Il lui fallait donc changer de stratégie. Il s'est réorganisé, a placé de nouvelles figures à sa tête.
L'actuel émir [chef] du GSPC est un intellectuel pragmatique, Abou Moussab, ingénieur, spécialisé dans les explosifs. Cet ancien "Afghan" a conclu une sorte de marché avec Al-Qaeda : il est devenu le représentant du mouvement de Ben Laden au Maghreb et, en échange, il bénéficie de la médiatisation dont il a besoin. De fait, le numéro 2 d'Al-Qaeda, Ayman Al-Zawahiri, n'a jamais caché, ces dernières années, tout l'intérêt qu'il portait au Maghreb.
Ce groupe salafiste pour la prédiction et le combat (GSPC) comme la plupart des groupes armés, régionaux, a besoin de ce label pour une question d'aura internationale et médiatique. Quant au modèle GIA, reposant sur la lutte dans les maquis et la volonté de constituer un Etat islamique, aujourd´hui, il ne fonctionne plus.
La nouvelle génération n'a aucune stratégie de ralliement des masses ; elle s'inscrit dans un projet global, supranational. il s'agit pour eux de dépasser la dimension strictement algérienne de la lutte et de poursuivre aussi un agenda djihadiste.

Se présentant comme Al Qaeda pour le Maghreb islamique (AQMI)le but est de déstabiliser le régime d´Alger. Mais, je répète: il n´y a sûrement pas de lien entre le projet de la "Réconciliation Nationale" décidée en 1999- et les attentats- kamikazes de mercredi. Ceux qui en débattent sont les mêmes partisans d´un jusqu´auboutisme belliqueux, au détriment de la paix dans le pays.
Au contraire s´il n´y avait pas eu cette politique de réconciliation nationale, la décennie de sang, serait devenue à l`image du désastre irakien, ou d`Afghanistan, avec l`intervention monstrueuse des USA.
Il n`en reste pas moins que l`irruption des kamikazes dans les pays du Maghreb est aussi épouvantable qu'incompréhensible pour les algériens ou les marocains...
On comprend le désespoir politique des Palestiniens ghettoïsés, ou les Irakiens massacrés, mais Alger et le Maroc ? Personne ne comprend...
Ce qu´il est important de savoir, est que désormais le terreau islamiste armé, ne se nourrit plus de la misère des quartiers déshérités, mais plus que jamais de ce qui se passe là sous nos yeux… la télévision et Internet déversent chaque jour les images les plus féroces entre toutes, celles des massacres quotidiens des populations palestiniennes et irakiennes avec ces symboles d´humiliation et de mépris pour l`humanité des musulmans que sont « Guantanamo », «Abu ghraieb », Gaza…
C´est pourquoi, l`islamisme intégriste en armes , s´accroche désormais aux basques de Al Qaeda, et les jeunes recrues à une image symbolique : Ben Laden.

Entre les haines et les désespoirs antagonistes, il semble bien que les anciens temps barbares sont revenus. Dans l`histoire antique, les peuples croyaient que les dieux avaient besoin d´être nourris. Leurs adorateurs leur offraient du pain, des légumes ou des animaux. Cependant que l`offrande des indiens Maya à leur dieu, était le sacrifice des vies humaines. C´est pareil aujourd´hui. En effet, si le dieu de la Globalisation Mondiale, portant dans son sillage, la destruction de l`Irak et l`apartheid en Palestine, a désormais le visage de Bush et d`Israël, comme image suprême de dévoreurs de vies humaines - le dieu des islamistes intégristes, n’est plus tout à fait Allah dans sa bienveillance, mais un dieu affamé de sang qu’il faut satisfaire, à l’image de Moloch ou de Baal, des dieux phéniciens à qui on offrait des victimes. C´est ainsi que le rapport entre la vie et la mort s’est modifié dans l’Islam depuis que l’intégrisme s’est répandu. On assiste à une déchirure entre les deux. Le kamikaze "qui aime la mort plus que la vie" recherche le martyr, et meurt dans l’espoir d’obtenir la vie éternelle – à défaut d´espérance ici-bas. Les autres envahissent, divisent et tuent les peuples au nom de la « démocratie."...
Dans tous les cas de figure, , les islamistes armés n'ont pas plus leur place en Algérie, aujourd'hui, qu'ils ne l'ont eue ces quinze dernières années. Comme il est inutile de revenir sur la « réconciliation nationale » ( qui n`empêche pas de lutter contre ceux qui ne renoncent pas à la violence) - car se serait faire le jeu des intégristes de tous bords... Chercher le dialogue ( comme le prouve ces partis islamistes intégrés aux paysage politique du pays) - c´est choisir le camp civilisé contre la barbarie éradicatrice de la violence armée des intégristes.

Cependant, Il faut malheureusement prendre la menace terroriste très au sérieux. La porosité des frontières du Maghreb, et la méfiance entre ses gouvernements, ont facilité le mouvement islamiste armé. Il n'est pas impossible que d`autres attentats se produisent encore au Maghreb, et ailleurs en Europe. Que les groupuscules qui mettent des bombes soient ultra minoritaire, ne change rien. La menace ne sera éradiquée que si les gouvernements en général et particulièrement le Maroc et l`Algérie ainsi que les sociétés civiles s'emploient d'urgence à l'éradiquer... Mais, la seule manière de couper l´herbe sous les pieds de l`Islamisme armée demeure la fin des tourments du peuple palestinien, avec son droit à l`indépendance nationale - et débarrasser l´Irak de
ses occupants étrangers.