Un damascène dans la tourmente
Omar Aziz, un intellectuel pacifique, âgé de 63ans, arrêté à son domicile , le mardi 20 novembre, par les autorités de son pays, est la preuve de l' absurdité et du chaos dans lequel la Syrie vit depuis plus d' un an.
Lorsque j’ai appris sa soudaine incarcération, j’ai immédiatement pensé à sa mère, Bourane Tarazi, première femme avocate en Syrie. Cette grande dame, raffinée et cultivée au charme discret si typique de la bourgeoisie damascène, faisait partie du groupe des pionnières de la lutte pour les droits des femmes, dont je parle dans mon livre « Ordalie des voix – (Paris1980). Je relis le chapitre narrant ma rencontre avec elles …
Lorsque j’ai appris sa soudaine incarcération, j’ai immédiatement pensé à sa mère, Bourane Tarazi, première femme avocate en Syrie. Cette grande dame, raffinée et cultivée au charme discret si typique de la bourgeoisie damascène, faisait partie du groupe des pionnières de la lutte pour les droits des femmes, dont je parle dans mon livre « Ordalie des voix – (Paris1980). Je relis le chapitre narrant ma rencontre avec elles …
Dr Loris Maher, médecin pédiatre, première femme médecin,
comme Bourane Tarazi, dans le droit, en
Syrie et dans le monde arabe du XIXe siècle-1930... Avec Nabila Razzaz, Adila Thourya Hafez, Aziza Haroun, Juliette Awichaq Khoury,
professeur de philosophie à l’Université de Damas, en cette année de 1980... Je relis ce témoignage de
Nabila Razzaz, résumant l’histoire de leurs luttes : « On en a vu de
dures ! Nos pères, nos maris étaient de fidèles pensionnaires des prisons ottomanes et françaises, et nous,
les femmes, conduisant des
manifestations pour la liberté de notre pays et les droits de notre
peuple ! Nous avions connu, la terreur et la perte de nos êtres chers, quand De Gaulle avait envoyé ses troupes et donné l’ordre à l’aviation
française de bombarder notre ville Damas en mai 1945, pour réprimer le mouvement
indépendantiste… Plus tard, nous étions au premier rang de manifestations, dans les rues pour nos droits civiques féminins … Ensuite, nous avions subi les anathèmes des Cheikhs intégristes ! Ils ordonnaient à des jeunes gens violents de nous
bombarder de tomates et d’œufs pourris, et surveillaient nos maisons pour nous lyncher si on sortait
dévoilés… »
Leurs voix s’entremêlent dans un écho qui se répète dans l’histoire sanglante de la Syrie d’aujourd’hui.
Rien n' a changé. Les générations de femmes et d' hommes arabes, semblent vouées à la répétition de leurs défis, face aux mêmes fantômes de la régression, les faisant entrer, dans chaque siècle... à reculons!!
La mère de Omar Aziz, avait écrit un livre au
titre, étrangement prémonitoire « Damas dans la tourmente » ( publié
en 1998, au Liban), après sa mort, dans lequel, elle relatait sa jeunesse et ses luttes pour les
droits civiques des femmes, et contre les envahisseurs de son pays.
Et voilà
que son fils revivait les mêmes tourments que sa mère dans leur patrie
disloquée par la haine et les crimes fratricides.
Certes les intellectuels sont composés de plusieurs « peuples »…
Il y a ceux qui usent de leur plume et du verbe au service des guerres, contre, sinon entre
les arabes eux-mêmes, au nom de leur
passion juive sioniste, tel le sinistre Bernard
Henri Levy.
D’autres, comme le grotesque Marek Halter, à l’esprit pétri de prophéties superstitieuses
talmudo-sionistes, plus que de grande
littérature humaniste, qui ne cesse d' activer en faux apôtre de la paix, pour s’infiltrer
tel un virus sournois dans le cercle des « décideurs » du monde arabe…
Ceci, quand ce n’est pas en se faisant
berger d’un troupeau d’imams ( de France), «
analphabètes bilingues », pour les exhiber, en Israël, pendant que
celui-ci, poursuit son œuvre génocidaire aux missiles contre les palestiniens.
Parmi les arabo-musulmans, il existe aussi diverses « intelligentsia »
au service du pire… D’ un côté, on trouve « des démocrates
éradicateurs « et de l’ autre des « penseurs » religieux intégristes capables de pulvériser du musulman là où il se trouve, en brandissant les armes des alliés d’ Israël !
Mais Omar Aziz, lui, n’est ni
parmi les uns, ni les autres… Il représente, le juste milieu, comme l’Islam: {Nous
avons fait de vous (croyants), une communauté du juste milieu [...]} [Sourate
2 - Verset 143].
Autrement dit, un homme de culture, éduqué dans l' équilibre de la pensée,la quiétude du coeur et l'esprit de tolérance. A l' opposé du militant "dangereux" pour la sécurité des personnes et de l' Etat, que le régime syrien croit qu' il est!
Autrement dit, un homme de culture, éduqué dans l' équilibre de la pensée,la quiétude du coeur et l'esprit de tolérance. A l' opposé du militant "dangereux" pour la sécurité des personnes et de l' Etat, que le régime syrien croit qu' il est!
Sans doute, n’a-t-il pas le panache de la véhémence intellectuelle, propre aux partisans de la déchirure nationale,
toutefois, il a plus de force qu’eux. Celle-ci réside dans sa fragilité de citoyen civil sans armes,
ni violence au poing. Avec le courage exemplaire, de son choix de vivre dans son pays, au lieu
de fuir.
Ainsi, l''arrestation d' un tel homme, serait presque comique, si ce n' était la réalité terrifiante de la Syrie, encore livrée à toutes les dérives impitoyables de la guerre civile.
Ainsi, l''arrestation d' un tel homme, serait presque comique, si ce n' était la réalité terrifiante de la Syrie, encore livrée à toutes les dérives impitoyables de la guerre civile.
C'est pourquoi, en tant qu’intellectuelle
et écrivain moi-même, témoin des
grandeurs et échecs du monde arabe et musulman, depuis plusieurs décennies, et
au nom de toutes ces femmes, mes amies,
mes sœurs vétéranes de la résistance syrienne de jadis, les compagnes sublimes
de sa mère Bourane Tarazi, je demande, la
liberté immédiate de Omar Aziz !
Rendez-le à sa famille désemparée par la douleur! Honorez la mémoire de sa mère, et toutes ses compagnes, héroïnes de la liberté de la Syrie éternelle, en leur rendant leur fils, vivant!
Rendez-le à sa famille désemparée par la douleur! Honorez la mémoire de sa mère, et toutes ses compagnes, héroïnes de la liberté de la Syrie éternelle, en leur rendant leur fils, vivant!
Avec lui, les autorités syriennes, devraient aussi, libérer les
intellectuels, les défenseurs des droits de l'homme et les prisonniers
politiques qu'elle détient dans ses prisons, pour ne pas ressembler à ceux, qui ont plongé la Syrie et tout son peuple, dans le désastre, l’exode et la mort. Ceux-là mêmes
qui sont entrain de faire régresser à l’âge
de pierre, ce magnifique pays du premier alphabet de l’histoire de l’humanité.
Car, ce n’est que dans la clémence, et la justice, que le pouvoir triomphera de ses détracteurs
et la Syrie sauvée ( insha'Allah!).... d' un démembrement à la Sykes-Picot.