La vraie faute est celle qu'on ne corrige pas.
Un dicton dit : «C'est en se trompant qu'on apprend», cette fausse accusation contre le Hamas dont j’ai été involontairement l’écho, m’a appris deux vérités immenses :
2- Cet antidote, sont tous ceux qui font la chasse à ce qui salit la lutte noble du peuple Palestinien, entre lesquels se trouvent des lecteurs de mon blog, qui
Ma gratitude va aussi à Saïd B, un lecteur inconnu, mais proche pour sa fidélité à ce blog, et pour ses remarques judicieuses quand il m’arrive de me tromper « d’indignation »…
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Politik
La campagne morale du HamasJuliane von Mittelstaedt - Spiegel Online
Le succès militaire se faisant attendre, le Hamas se concentre sur son programme islamique : interdiction des slips de bain pour les hommes, mariages de masse pour tous, et propagande anti-séduction. Comme le chewing-gum présumé libidineux d’Israël.
Si on désire savoir ce que pense le Hamas ces temps-ci, Islam Chaouane est le bon partenaire pour discuter. Il est le porte-parole de la police du Hamas et il ne combat pas seulement le crime dans la bande de Gaza, mais surtout la décadence des moeurs. Et c’est pourquoi Islam Chaouane tient maintenant entre le pouce et l’index une boîte en carton de la taille d’un jeu de cartes, sa pièce à conviction. Il est écrit sur la boîte : « Lina Sex for Women », à côté de la photo pâlie d’une blonde en sous-vêtements blancs imprimée avec un numéro de téléphone au préfixe de la Birmanie.
L’homme du Hamas la pose sur la table, photo par-dessus. La boîte contient, aux dires de Chaouane, tout le mal du monde : 20 dragées jaunâtres dont le Hamas affirme qu’elles contiennent des substances stimulantes. « Après une demi-heure de mastication, il vous faut à tout prix une activité sexuelle, tout de suite, avec n’importe qui, même avec le téléviseur » dit-il, manifestement cela lui est pénible.
« Ce chewing-gum, c’est le gouvernement israélien qui l’a introduit à Gaza en contrebande pour le distribuer à des lycéens et lycéennes, afin de détruire notre société ». Les jeunes seraient montés contre le Hamas via le sexe, c’est ainsi qu’il voit les choses et c’est la propagande officielle. D’abord les bombes, ensuite le sexe, pour Chaouane ce n’est que logique.
« Mais nous avons tout juste pu empêcher le pire » dit le porte-parole policier en s’appuyant au dossier de sa chaise. L’honneur des jeunes filles excitées par le chewing-gum a pu être sauvé, les quatre complices présumés sont maintenant en prison et risquent jusqu’à 25 ans de détention. Chaouane a confisqué un total de 40 kilos de chewing-gum excitant, détenus dans le coffre du quartier général de la police, en sûreté.
Naturellement, l’accusation qu’Israël chercherait à inciter les Palestiniens à la révolte par la luxure est absurde. Mais aussi ridicule que soit cette histoire, elle montre comment le Hamas, faute de succès militaires, revient à la mise en œuvre de son agenda islamique. Ce n’est pas un hasard si le Hamas, deux trimestres après la fin de la guerre aérienne des Israéliens, se remet à appliquer plus strictement des règles islamiques.
Indignation morale contre liberté sexuelle
« Le sexe fait vendre » : cela vaut aussi pour le Hamas. Il s’agit de contrôle, de démonstration de force et aussi de faire adhérer la société à un nouveau projet. La manipulation sexuelle par Israël est une bonne occasion, même si elle suscite de la résistance. Une résistance morale.
Le plus manifeste, ce sont les nouvelles règles de voilage des femmes. Les avocates doivent dorénavant porter voile et robe ample et longue. A la rentrée des classes, les lycéennes qui arriveront sans voile ni robe longue, seront exclues des cours. Les enseignants masculins ne peuvent plus travailler qu’avec les garçons, les femmes avec les filles. Islam Chaouane, le porte-parole du Hamas conteste l’existence de ces règles. « Vous aussi vous êtes ici sans voile » dit-il en souriant. « Cela montre bien comme nous sommes tolérants ».
Le marchand de textiles Yiad Abou Kuwaik, 31 ans, raconte une autre histoire. Normalement, à la mi-août, il aurait déjà dû vendre 400 nouveaux uniformes scolaires : jupe à mi-mollet et ample corsage en jean, c’est ce que les nouvelles lycéennes portent ici depuis des années. « Mais cette année je n’ai pas vendu un seul uniforme » dit Abou Kuwaik. A la place, les mères achètent maintenant pour leurs filles des robes noires couvrant les chevilles. « Celui qui continue à offrir des uniformes est menacé » dit-il. Mais ce n’est même pas nécessaire. Aucune mère ne veut plus de ses jupes en jean, la menace du Hamas suffit.
Robes de cocktail sans bretelles pour la maison
Abou Kuwaik est assis sur un tabouret dans sa boutique "Nice Dream" ; au-dessus de lui sont suspendues de courtes jupes plissées, des robes de cocktail-bustiers et des corsages translucides à impression léopard, qu’il se fait envoyer d’Israël par colis postal ou d’Egypte par les tunnels. « Des affaires pour la maison » dit-il, aucune femme à Gaza n’aurait l’idée de sortir en rue ainsi vêtue, c’était déjà ainsi il y a deux ans, avant le putsch du Hamas.
Mais ce qui est nouveau, c’est que les mannequins de vitrine, eux non plus, ne peuvent plus être habillés légèrement devant la boutique. Il y a quelques semaines, raconte Abou Kuwaik, quelques hommes barbus sont venus, ils se disaient gardiens de la morale et lui ont interdit d’exposer ses mannequins en jupes courtes et corsages moulants devant la boutique. « Chez mon frère, il ont tout bonnement emporté un mannequin en jupe courte » dit Abou Kuwaik en riant. « Qu’est-ce qu’ils peuvent bien en faire ? ».
Quand les bas orthopédiques chassent les dessous
Le marchand de lingerie Sami Zainuddine lui aussi a dû changer sa vitrine. Les photos de femmes à la peau nue ne sont plus autorisées, pas plus que les dessous. En vitrine il y a maintenant des robes de nuit en coton couvrant les chevilles et des bas orthopédiques. Rien qui fasse se précipiter les femmes en masse dans sa boutique. « Ces dernières semaines, les hommes sont venus contrôler presque chaque jour » dit Zainuddine. Sa seule consolation : son chiffre d’affaires n’a pas encore diminué jusqu’à présent.
Sur la plage aussi, seul endroit où les Gazaouis pouvaient se montrer en public un peu plus légèrement vêtus, l’ordre et la vertu sont maintenant présents. De toute façon les femmes barbotent dans l’eau en longues robes noires, avec souvent par-dessous des maillots de bain-tuniques. Mais à présent les hommes aussi sont visés, du moins à partir de 16 ans.
S’il croise quelqu’un en short sur la plage, il le met en garde, explique Tawfik al-Nahl qui se dit policier en civil. Il contrôle chaque jour une autre plage, aujourd’hui c’est la plage principale de Gaza-Ville, où se trouvent les hôtels et les restaurants de poisson.
Le maître-nageur surveille la morale et la décence
Nahl trône sur le siège du maître-nageur et tout en veillant sur la vie et la mort, il surveille aussi la décence. « Depuis avril les nouvelles règles sont en vigueur » dit le gardien de la morale. C’est officiel ? « Oui, tout à fait officiel, j’ai le papier où c’est écrit noir sur blanc » assure-t-il. Et il ricane : « Nous avons beaucoup de succès. Au début de l’été il y avait des milliers de gens qui ne respectaient pas les règles. Maintenant il n’y en a plus que quelques-uns ».
Mais la campagne morale du Hamas ne s’arrête pas à l’habillement. Il s’agit aussi d’un style de vie islamo-complaisant, et le mariage en fait partie. Actuellement le Hamas promeut dans toute la bande de Gaza des noces de masse, où des centaines de couples sont mariés simultanément. La plus grande noce de masse, avec 450 couples, a eu lieu fin juillet au camp de réfugiés de Jabaliya, et c’est Yiad al-Busm, du département relations publiques du Hamas, qui l’organisait.
Le dirigeant du Hamas Mahmoud al-Sahar a prononcé le discours, il y a eu des guirlandes de fleurs, des danses et des chants traditionnels. Seules les femmes n’avaient pas le droit d’être là, elles étaient représentées par des petites filles en robes de mariées blanches.
Se marier pour oublier la guerre
Tous ceux qui s’inscrivaient au mariage recevaient 500 dollars et quelques ustensiles de cuisine. « Celui qui épouse une veuve reçoit encore quelques dollars de plus » dit l’organisateur de mariages. « Nos jeunes souffrent, beaucoup sont blessés et traumatisés, ils n’ont pas de travail c’est pourquoi nous voulons les marier, pour qu’ils oublient la guerre et fondent une famille ».
Wadi entre sa fiancée et sa mère
Surtout aussi pour qu’ils ne prennent pas de drogues ou ne deviennent pas pharmacodépendants - car les femmes contrôlent leurs hommes - et aussi pour qu’il n’y ait pas trop de femmes non mariées dans la bande de Gaza - car cela crée du désordre. En outre, la frustration politique doit être convertie en vie de famille, celui qui a femme et enfants ne se rebellera pas si vite. Busm préfère dire « résistance civile » : « Nous montrons aux Israéliens que nous avons la volonté de survivre, que nous ne cédons pas.
Lors des mariages de masse, on marie des couples qui sans cela ne pourraient se permettre la dépense, ou des couples qui sans cela ne se seraient jamais trouvés. Beaucoup de mariages sont arrangés, le Hamas case des veuves, des orphelins, des invalides, des célibataires endurcis, des laids et des amputés, des combattants aguerris et des victimes traumatisées.
500 dollars pour une fiancée
Mohammed Wadi, 23 ans, par exemple, est partiellement paralysé depuis cinq ans après avoir reçu une balle israélienne dans le cou. Pendant la guerre de cet hiver il a encore été blessé, des éclats d’obus lui ont déchiqueté la jambe. Wadi raconte que les hommes du Hamas l’ont abordé il y a quelques mois en le pressant de se marier. Ils lui ont promis 500 dollars et la mère de Wadi a accepté, on ne peut pas refuser 500 dollars.
Les hommes du Hamas ont proposé une fiancée, la mère l’a rencontrée et acceptée en prenant le café et Wadi l’a vue pour la première fois à la noce, fin juillet. Comment il la trouve ? Il a un rire indécis. Puis sa femme entre dans la pièce, elle porte une blouse à fleurs, des pantoufles de bain rose et un niqab, le voile couvrant le visage. Mohammed Wadi affirme que sa femme n’a que cinq ans de plus que lui, mais elle paraît plus âgée que sa mère. A-t-il au moins reçu l’argent ? Il hoche la tête. « Seulement quelques verres et des plats ».
26 août 2009 - Spiegel online - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.spiegel.de/politik/ausla...
Traduction de l’allemand : Marie Meert
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=7195