Dieu comme je souffre de voir les Arabes et les musulmans s'entretuer, quand ils ne sont pas massacrés par les envahisseurs américains et israéliens! Depuis les années des indépendances nationales, chaque génération tombe et se relève, en passant le même relais des chutes infernales à la génération suivante, dans la sueur de leur front soumis aux dictateurs!!!
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Comme tout le monde dans nos pays, j’ai pleuré pour les immolés et les tués par les leurs, dans le Maghreb et au Moyen-Orient. Mais aussi, j’ai vibré de joie pour la libération du peuple Tunisien, et maintenant, me voici, tremblante pour le peuple Égyptien… La cause de toutes ces révoltes est la boulimie du pouvoir des leaders de l’ensemble des pays arabes ! On croyait que seuls les rois régnaient par dynastie. Hélas, non! Car, chez les Arabes, le fantasme du Calife tout puissant est aigu dans l' imaginaire des gouvernants, qu'ils soient d'extraction populaire, ou de la bourgeoisie marchande! Aussi, ne faut-il pas s' étonner de voir que les leaders « républicains » prennent leur "fauteuil" de président, pour un trône à léguer de père en fils… D' où leur propension à faire durer leur "règne" jusqu'à perdre le sens de leur propre dimension humaine, en finissant par devenir de vieux dictateurs grotesques et néanmoins dangereux pour leur peuple.
Face à l'écran de la télévision, mes yeux fixés sur la foule égyptienne en colère, je revois ce même peuple suppliant Gamal Abdel Nasser de ne pas démissionner ( il avait décidé de le faire, à la suite de l’ échec de la « guerre des 6 jours » en 1967). Puis, je me rappelle l' image bouleversante des égyptiens, déchirés par le chagrin, lors de ses funérailles. Je me souviens aussi, que même le roi Farouk avait plus de grandeur morale que n’importe lequel de ces leaders à vie d’aujourd’hui, quand en 1952, il s’est plié devant la volonté du peuple et a décidé de renoncer au trône… Mais encore, je songe à l’imposante stature du Général de Gaulle, qui s 'est retiré volontairement du pouvoir.
Et maintenant que reste-il? Des "élus à vie" agrippés à leur pouvoir, tel Harpagon sur son or! Abrités derrière une oligarchie servile, et un sérail corrompu, ils s'accrochent, mandat après mandat, par la force des fraudes électorales, les magouilles sécuritaires, et le chantage qui n’en finit plus sur « le terrorisme islamique » dont ils prétendent être les défenseurs imparables ! Quand tout cela ne suffit plus pour maintenir leur autorité souveraine, ils ont recours à l’infâme tactique du « diviser pour régner » au prix du sang du peuple. Mémento précis des dictateurs, tel que nous l’enseigne le président Hosni Moubarak dans son obstination à dompter la colère du peuple égyptien qui ne veut plus de lui après 29 ans et demi d' une réélection à chaque fois discutable...
« Le chaos ou moi » a-t-il lancé à ce million ou plus, de « ses » concitoyens égyptiens, pacifiquement rassemblés dans la place Tahrir (Liberté) située au cœur du Caire !
« Qu'il parte » a été le slogan de la foule lorsque l'allocution télévisée s'est achevée.
Pourtant dans son discours, le vieux Raïs, aura bien usé des effets grandiloquents chers aux feuilletons à l’ égyptienne. Dignité éplorée dans la voix, « je mourrai dans mon pays », puis, avec un accent de héros sans peur ni reproche : " je terminerai ma mission". Et voilà le décor bien planté pour la suite épouvantable des événements!
Ainsi va-t-il créer le chaos… Il retire les policiers de leurs postes pour que le pillage, le massacre fratricide et la panique dispersent la population. Une tactique bien fignolée pour un dressage féroce, à huit clos, si elle n’avait pas été diffusée par des journalistes et des civils courageux. Ceux-là mêmes, qui au péril de leur vie, ont réussi à envoyer des images et des descriptions de ces assauts de mercenaires contre leurs concitoyens.
Chameaux, chevaux, machettes, fouets, haches, caillasses et bombes lacrymogènes sont lancés par un escadron de policiers habillés en civil, mêlés à des voyous recrutés pour la circonstance, contre les manifestants. Entre ces derniers, il y a des enfants, car beaucoup sont venus avec leurs familles. Certains campent sous des tentes de fortune. Tous attendent tranquillement le "vendredi du départ" du président… Les chars entourent les abords de la place, la foule se croit à l’ abri…
Or voilà «qu' on » a laissé passer la horde dite « pro-Moubarak »! Ils sont quelques centaines de forts à bras, entrainés comme casseurs de manifestations.
La protestation pacifique est éteinte dans un bain de sang ! 3 morts et un millier de blessés, peu importe de quel bord ils sont, en ce neuvième jour de la révolte populaire en Egypte. A partir de quel nombre de morts parmi des manifestants pacifiques, peut-on parler de carnage d''Etat??
Par ailleurs, quand on sait que depuis sa maladie, Hosni Moubarak, ne dirige plus les affaires, mais plutôt ses fils, aidés par le cercle de leurs fidèles, de l’ armée et des services de sécurité, on ne peut croire à une volonté têtue du président pour garder le pouvoir coûte que coûte…
Les tergiversations américaines, l’activisme fébrile d’Israël auprès des gouvernants et médias euro-étasuniens, pour « aider » Moubarak à se maintenir au gouvernail égyptien, jusqu’ à la fin de son mandat en septembre me font plutôt croire, que ce scénario a été bel et bien concocté par ses amis et conseillés israéliens et américains. Faire pourrir la situation afin que cette vague de protestation dans le Monde Arabe s’essouffle et permette aux américains d’avoir le temps de chercher un autre poulain. Celui-ci ne doit pas être issu des « frères musulmans », mais plutôt un remplaçant (pourquoi pas Mohammed el Baradei ?) - qui ne mettrait pas en péril le sacro-saint pacte de paix avec Israël. C’est la seule question qui compte pour eux, le reste, sera agité pour appâter la galerie… changement de la constitution, levée de l’Etat d’urgence, etc.
Tant mieux pour eux, dirons-nous, si c’est pour rendre les égyptiens plus libres et moins humiliés par leurs gouvernants! Mais voilà, il y a eut ce massacre de civils, et cela restera une tâche terrible dans la saga des Moubarak. Partir sur une guerre civile, n’ est pas le plus glorieux des destins…
A bras de fer, tête d’ acier… Ce vendredi-là, croisons les doigts pour que l' armée fraternise avec son peuple d' acier de la place Tahrir au Caire. Et que Moubarak s' en aille avec un peu plus de panache que le pathétique Ben Ali. Ce n' est qu'avec cette sortie honorable, que le peuple égyptien pourra sans doute, lui pardonner, et qu'il aura une fin tranquille dans ce paradis de Sharm-el-Sheikh qu'il aime tant...