mardi, août 08, 2006

Nous Allons bien, et vous? (8e message du Liban)

ASSOCIATION CULTURELLE "SHAMS" - LIBAN


Beyrouth, le 7 août 2006

Nous allons bien

parce que notre esprit n'est pas localisé à l'endroit assiégé par la force brutale

parce qu'en raison même de ces corps brûlés, déchiquetés, criblés d'éclats, nous avons droit au langage et à une solidarité qui vaut son poids d'espérance

parce que chaque fois qu'un assassin décharge sa fureur il perd cette partie de lui-même dont la force s'épuise au moment où il la lâche, et que celle de ses victimes échappe à sa barbarie et se fond dans l'universelle tragédie de l'homme, celle qui, d'Hécube à Nesrine Saloum, se dilate irrépressiblement, emplit le vide laissé par la bêtise guerrière, clame la toute puissante affirmation qu'il y a quelque chose d'autre à quoi faire place.

Nous allons mal

parce que les massacres, les bombardements, les destructions, les déplacements forcés de populations prennent le rythme d'une routine banale un peu plus insignifiante chaque jour

parce que la Méditerranée est en deuil de Byblos à Tyr et gardera son costume noir de mazout pendant des années,

parce que le lait, les œufs, les vignes de la Békaa ont été les cibles sans gloire des plus lâches soldats de la planète,

parce que la guerre du Liban, par son côté spectaculaire, en occulte une autre, plus grave, plus horrible, celle qui, à Gaza, déshumanise tout un peule humilié, privé de travail, d'eau, d'électricité, de droits, régulièrement massacré, enfermé dans ce qui est en train de devenir un vaste camp de concentration

parce que les rapports, les articles, les documentaires, les appels, les dénonciations, s'enlisent dans le marécage putride des Nations Unies, se diluent dans l'anergie des messieurs en costume et cravate, dont les jactances s'arrêtent net au moindre courroux du Grand Patron au veto méprisant, péremptoire et sans appel.

(entre 1972 et 2003, 39 projets de résolutions du Conseil de Sécurité à l'encontre d'Israël se sont heurtés au "droit" de veto des Etats-Unis. 39 fois le "droit" d'un seul a primé sur la volonté de la communauté internationale,

sur ces 39 dénis de justice, 11 concernaient les agressions israéliennes sur le Liban)

parce que les "smart bombs" de Bush poursuivent leur voyage tranquille grâce aux bons soins de son commis britannique et qu'hier 6 août était l'anniversaire de la bombe d'Hiroshima

"……En plus des lésions de criblage classiques dues aux éclats, les blessés présentent des brûlures associées à la tête et aux bras, sur les parties découvertes du corps. Enfin, les membres touchés sont très délabrés, comme s'ils avaient été déchiquetés par une mine. Tout cela ressemble à des effets de bombes à fragmentation tirées par drones avec des sous-munitions à retardement……" (Régis Garrigues – Médecins du monde)

"……Certaines personnes, suite à des attaques aériennes, portent des blessures terribles dont les médecins n'arrivent pas à déterminer les causes. Rien sur le torse mais le visage brûlé et les quatre membres dont les muscles ont littéralement fondu par endroits, une véritable horreur. Aucun éclat métallique ou fragment ne permet d'indiquer quel type d'arme peut causer ce genre de blessure……" (Jean-Paul Delain – Médecins sans frontières)

"……De telles informations sont suffisamment graves pour mériter d'être l'objet d'une enquête internationale sérieuse qui seule peut couper court à la rumeur si c'en est une ou, s'il s'avérait être prouvé, porter ce crime de guerre devant les instances internationales aptes à le juger, ou, à défaut de pouvoir le faire faute de textes contraignants, mettraient un point d'honneur à le condamner clairement……" (PatrickAdam – Agora vox)

Mais nous allons bien, et vous?


Roger Assaf, Issam Bou Khaled, Kamal Chayya, Rawya El Chab, Zeina Saab De Melero, Said Serhan, Fadi el Far, Tarek Atoui, Hagop Der Ghougassian, Abdo Nawar, Hanane Hajj Ali, Abder Rahman Awad, Zeinab Assaf, Bernadette Houdeib, Ibrahim Serhan, Nehmat Atallah.




Paroles de Juifs... de "l'autre Israel".


Images de manifestations à Tel Aviv, contre la guerre.

Pour ceux qui lisent le Castellan voir mon blog Espagnol où j'ai traduis Les articles de quelques auteurs J
uifs de "l'autre Israel" - qui ne sont pas aussi médiatisés que ces faux intellectuels du "bazar médiatique" de France et d'ailleurs. Ces gardiens de la "chapelle" de l'opinion publique occidentale dont les écrits aussi lacrymogènes que prétentieusement moralisateurs s`étalent dans la presse bien nommée alignée... Ceux-là même qui justifient la sale guerre au Liban ainsi que la cruauté barbare de l'occupation Israëlienne en Palestine!

Ces "faux fils d'Israël" bien à l'abri dans leurs duplex parisiens ou newyorkais, occultant leurs propres complexes confus sous des airs de "savant" de la chose politique - et les autres, les "faux amis", tel son mentor américain Bush le fondamentaliste Chrétien "Born again", pour cacher leurs fantasmes ataviques anti-Juifs pratiquent la permissivité hypocrite pour mieux les piéger dans des guerres continues , sans oublier ces écrivains et journalistes lèches-bottes d'Israël et de ses "lobbies" bien placés partout, pour la vanité d'une quelconque promotion - Tous ceux qui excusent les crimes d'Israël, et ce faisant le poussent dans l'abîme de la paranoïa autodestruction!

Ecoutons ces vrais fils d'Israël, courageux et honnêtes, qui comme le dit Ury Avnery dans son émouvant poême : le "Drapeau Noir" ( voir blog espagnol) veulent : "Vivre ensemble, Palestiniens, Libanais, Syriens, Israëliens, Arabes israeliens - chacun dans état libre, en PAIX!"

"Temps Obscurs"

Par Gideon Levy
S’adressant à ses concitoyens israéliens, Gideon Levy, chroniqueur du quotidien Ha’aretz, dénonce le voile de haine qui obscurcit leurs yeux et les empêche de voir les crimes commis en leur nom à Gaza et au Liban. À la guerre comme à la guerre : Israël va s’enfonçant dans une atmosphère nationaliste véhémente et l’obscurité commence à tout recouvrir. Les freins qui nous restaient sont usés, l’émoussement des sens et la cécité caractéristiques de la société israélienne ces dernières années, ne cessent de s’intensifier.

L’arrière, dont on fait l’éloge à tour de bras, est scindé en deux : le Nord qui endure et le Centre qui, lui, est serein. Mais des deux côtés, la fibre belliqueuse a pris le dessus, avec sa cruauté et sa soif de vengeance, et les voix extrêmes qui jusqu’ici caractérisaient les marges du camp, sont maintenant l’expression de son cœur. La gauche s’est une nouvelle fois égarée, drapée dans son silence ou « avouant ses erreurs ». Israël montre un visage uniforme, nationaliste.
La destruction que nous semons au Liban ne touche quasi personne et elle n’est, pour l’essentiel, même pas montrée aux yeux des Israéliens. Celui qui veut savoir à quoi ressemble Tyr maintenant, doit circuler parmi les chaînes étrangères. Un reporter de la BBC en a rapporté des images effrayantes, comme vous n‘en verrez pas chez nous.

Comment peut-on ne pas être choqué, scandalisé devant la souffrance terrible de l’autre, due à notre propre action, même si le Nord de notre pays souffre ? La destruction que nous semons en ce moment également à Gaza – près de 120 tués depuis l’enlèvement de Gilad Shalit, dont 27 pour la seule journée de ce mercredi – touche moins encore. Les hôpitaux de Gaza sont remplis d’enfants brûlés, mais qui s’en soucie ? L’obscurité de la guerre dans le Nord les couvre, eux aussi.
Depuis que nous avons été habitués à considérer qu’une punition collective est, entre nos mains, une arme légitime, il n’y a pas lieu de s’étonner que la cruelle punition infligée au Liban tout entier pour les actes du Hezbollah ne suscite ici aucune discussion.

Si à Naplouse c’était permis, pourquoi pas à Beyrouth ? La seule critique à se faire entendre à propos de la guerre porte sur des considérations tactiques – chacun est maintenant général – et pousse essentiellement l’armée israélienne à porter encore plus avant, plus profondément son action.

Commentateurs, généraux à la retraite et politiciens rivalisent de suggestions extrêmes. Haïm
Ramon « ne comprend pas » comment il y a encore de l’électricité à Baalbek. Eli Yishai propose de transformer le Sud du Liban en « bac à sable ». Un reporter militaire de la première chaîne, Yoav Limor, propose d’exposer les corps des combattants du Hezbollah tués et, le lendemain, de faire défiler les prisonniers en sous-vêtements afin de « renforcer le moral de l’arrière ». On devine aisément ce que nous penserions d’une chaîne de télévision arabe dont le commentateur s’exprimerait ainsi, mais encore quelques pertes ou quelques erreurs de l’armée israélienne et la proposition de Yoav Limor sera mise en application. Y a-t-il signe plus éclatant qu’on a perdu la raison et toute humanité ?
Le chauvinisme et le désir de vengeance relèvent la tête. Si, il y a quinze jours, seuls des personnages délirants comme le grand rabbin de Tsefat, Shmouel Eliyahou, disaient qu’il fallait « raser toute localité à partir de laquelle on tire sur Israël », c’est maintenant au tour d’un officier supérieur de l’armée israélienne de s’exprimer ainsi à la une de Yediot Aharonot.

Nous n’avons peut-être pas encore complètement rasé de villages libanais, mais nos lignes rouges, nous sommes déjà bel et bien occupés à les effacer. Haïm Avraham, dont le fils avait été enlevé et tué par le Hezbollah en octobre 2000, tire pour les journalistes un obus de l’armée israélienne en direction du sud du Liban : vengeance pour l’assassinat
de son fils. Son image, au moment où il saisit l’obus tout décoré, était une des plus humiliantes de cette guerre, à son commencement. Un groupe de jeunes filles a lui aussi été photographié alors qu’elles ornaient des obus de l’armée israélienne d’inscriptions arrogantes. Les pages de Maariv – le Fox israélien – s’ornent d’un slogan chauviniste évoquant une machine de propagande particulièrement basse, « Israël est fort », ce qui témoigne justement de faiblesse. Et un commentateur de télévision appelle à bombarder une station de télévision.


Le Liban qui n’a jamais fait la guerre à Israël, un pays avec 40 quotidiens, 42 universités et une centaine de banques différentes, est en train d’être détruit par nos avions et nos canons, et presque personne ne prend en compte le prix de la haine que nous semons.

L’image d’Israël dans l’opinion internationale est devenue monstrueuse et cela non plus, en attendant, n’est pas enregistré à la rubrique « dette » de cette guerre. Israël est marqué de lourdes taches morales qu’on n’enlèvera pas rapidement. Il n’y a que chez nous qu’on ne veut pas les voir.
Le peuple veut une victoire mais nul ne sait au juste ce que ce serait, ni quel en sera le prix. Une guerre qui n’amènera jamais rien de décisif s’enlise sans que personne puisse en fixer le terme. Face à tout cela, la gauche sioniste a perdu elle aussi toute pertinence. Comme lors de toute rude épreuve dans le passé – au moment, par exemple, où les deux Intifadas ont éclaté – la gauche a, cette fois encore, échoué au moment précis où sa voix aurait été si vitale pour faire contrepoids aux roulements de tambours de la guerre. À quoi bon une gauche, si à chaque véritable épreuve, elle se joint au chœur national ?

Le Parti travailliste s’est à nouveau révélé être un partenaire dévoué à tout gouvernement : même Yuli Tamir et Shelly Yacimovich, on ne les entend plus du tout ; le mouvement La Paix Maintenant est frappé de mutisme ; même le Meretz se tait, sauf la courageuse députée Zehava Gal-On. Quelques jours d’une guerre voulue et déjà Yehoshua Sobol avoue s’être trompé sur toute la ligne : La Paix Maintenant est tout à coup, selon lui, un « slogan infantile ». Ses amis se taisent et leur silence ne résonne pas moins. Seule l’extrême gauche donne de la voix, mais c’est une voix que personne n’écoute.


Les ténèbres à la face de l’abîme : bien avant que la guerre ne soit conclue, on peut déjà établir qu’à son coût croissant s’ajoute aussi l’obscurité morale qui nous enveloppe et qui ne menace pas moins notre existence et notre image que les Katiouchas du Hezbollah.


Gideon Levy est journaliste au quotidien de gauche israélien Ha’aretz. Très critique de l’occupation israélienne, il tient dans ce journal une chronique hebdomadaire des violations commises contre les Palestiniens sous le titre de « Twilight Zone ». Au fil des ans il est devenu pour la droite israélienne une icône du « gauchiste pro-palestinien » et un alibi-repoussoir pour les autres. « Comment pourrions nous ne pas être une démocratie ? Nous laissons écrire Gideon Levy ! » a coutume de dire le ministre de la Défense, Shaul Moffaz.
Lien de l'article: http:/
/www.voltairenet.org

Rapport de HRW*: Crimes de Guerre Israeliens!


Ce rapport de l'Organisation américaine des Droits de l'Homme / Human Rights Wacht /HRW
n'a pas eu la diffusion qu'il mérite dans ces médias alignés, plus prompts à compter les morts israeliens que libanais ou palestiniens. Dans le "meilleur" des cas, leMonde partialement ouvert aux pamphlets lacrimogènes et moralisateurs des faux philosophes et autres scribes manipulateurs de l'opinion publique française - a bien publié le Rapport de HRW... mais dans une forme illisible...
Voici un résumé des conclusions des chercheurs et enquêteurs dans un rapport de 50 pages que chacun peut lire dans le lien indiqué au bas de la page.
Il faut stopper les attaques indiscriminées contre les civils.Certaines attaques israéliennes équivalent à des crimes de guerre
(Beyrouth, 3 août 2006) Les forces israéliennes ont omis systématiquement de faire la distinction entre les combattants et les civils dans leur campagne militaire contre le Hezbollah au Liban, déclare Human Rights Watch dans un rapport publié ce jour. Le type des attaques observées dans plus de 20 cas ayant fait l’objet d’études par des chercheurs de Human Rights Watch au Liban indique que les ratés de l’armée israélienne ne peuvent pas être considérés comme de simples accidents ni être mis sur le compte des mauvaises pratiques du Hezbollah. Dans certains cas, ces attaques constituent de véritables crimes de guerre.

Le type d’attaques menées montre le mépris inquiétant de l’armée israélienne pour les vies des civils libanais. Nos recherches montrent que les affirmations d’Israël selon lesquelles les combattants du Hezbollah se cachent parmi les civils n’expliquent pas, et justifient encore moins la guerre aveugle d’Israël.”
Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch
http://hrw.org/