vendredi, mars 09, 2007

8 Mars, Journée Internationale de la Femme...Entre Mythes et Vérités.




"La vraie faute est celle qu'on ne corrige pas."
Confucius





Plus de 90 ans de lutte pour l’égalité, la justice, la paix et le développement; la Journée internationale de la femme
est l’histoire de femmes ordinaires qui ont fait l’histoire.
Elle puise ses racines dans la lutte que mènent les femmes
depuis des siècles pour participer à la société sur un pied
d’égalité avec les hommes. Dans l’antiquité grecque,
Lysistrata a lancé une « grève sexuelle » contre les hommes pour mettre fin à la guerre; pendant la Révolution française, des Parisiennes demandant « liberté, égalité, fraternité » ont marché sur Versailles pour exiger le suffrage des femmes.
En Espagne, ce jour est nommé :
« Journée de la femme travailleuse »
-ce qui ne laisse pas de m´étonner…
Comment dans un des pays européens les plus démocrates – et c´est loin d´être un euphémisme, car ici la « liberté » n´est pas un vain mot ! En effet, les espagnoles - les femmes, les homosexuels,
les émigrés, les handicapés physiques, ont des droits que
beaucoup dans le monde occidental pourraient leur envier.
En plus c´est un pays où la joie de vivre est perceptible
jusque dans l´air qu´on respire (bien sûr, il y a la pollution comme partout, mais ici pas de morosité !)
Le temps est rythmé par les fêtes (chaque saint est commémoré avec des défilés de croyants ou pas), tous unis par la joie, et la passion de vivre. Un peuple, qui, aussitôt après le travail, ou la sieste, prend d`assaut, les musées, cinémas, parc,
cafés et bars de « tapas »… Alors, pourquoi cette dichotomie entre « les travailleuses »et le reste de la gente féminine ? Une de mes élèves m´a
expliquée que parce que le 23 février, selon une ancienne
tradition du pays, est une journée consacrée au
« pouvoir des femmes », au cours de laquelle, elles laissent
le mari à la maison chargé des travaux ménagers et d´être "obeïssant".
Durant 24 h elles commandent partout dans leur village ou ville. Elles font la fête entre elles, en investissant tous les lieux publics sous la musique des
tambours (jouée par des femmes !) et les lampions des rues…
Alors vous comprenez, le 8 mars, c´est un « plus » dédié
aux « travailleuses ».
Pour ma part, puisque cette journée est symboliquement
celle des luttes des femmes pour acquérir l`égalité avec
le genre masculin – c´est à dire en souvenir des femmes maltraitées,
celles qui l`ont été dans le passé – celles qui le sont encore
partout dans le monde - par les lois, et les guerres des hommes
– cette journée, dis- je : est celle de toutes en UNE,

la FEMME PALESTINIENNE.
Alors que les femmes du Monde entier célébraient la journée
internationale des Femmes, le 8 mars, les femmes palestiniennes
célébraient cette journée à leur façon. Les mères comme leurs
filles souffrent d’emprisonnement et d’agression. Beaucoup de femmes palestiniennes ont été tuées par les forces israéliennes.
Les dernières statistiques font état de 269 femmes qui
ont été tuées pendant l’Intifada, des dizaines ont été blessées et jetées en prison où elles ont du faire face à toutes sortes de torture et d’humiliation.

Mais qui, en ce jour de « gloire » s`en souvient ?

Cet « oubli » programmé nous interpelle dans une autre question.
Qu’est ce qui a motivé le choix du 8 Mars pour marquer la journée internationale de la femme ? Selon une idée reçue, souvent émise par les féministes, l`histoire commence l´année 1910, celle de la 2e conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague au Danemark, où, Clara Zetkin, leader Socialiste Allemande, a proposé l’instauration d’une journée internationale de la femme.
Ce qui allait servir de tremplin à la promotion du droit de vote des femmes et au souvenir des luttes qu’elles ont menées partout dans le monde.
Au-delà de cet évènement, certes historique, on évoque rarement
l`évènement qui a déclenché cette prise de conscience.
C´est à dire qu´en réalité, la « maternité » de cette date est américaine !

Hé oui, et plus précisément des ouvrières du textile à New York,
qui ont surgi un jour de 8 mars 1857 pour faire une grève spectaculaire,
afin de réclamer de meilleures condition de travail. Réprimées, elles recommenceront plus tard, et cette fois mieux organisées.

Le 8 mars 1908, elles sont des milliers d`ouvrières à manifester à New York, pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail, réclamer le respect des droits
de la femme et condamner le travail des enfants. Comme elles continuent leurs protestations, voilà que le 8 Mars 1909, il y a une forte répression
policière contre elles. À cette époque il existait aux U.S, un « Parti socialiste américain », aussi, la solidarité avec les ouvrières américaines,
va- t-elle se concrétiser lors de la fameuse et historique 2e conférence des femmes socialistes à Copenhague. Pendant qu`à New York, les ouvrières du textile poursuivent leurs protestations.

Et ainsi de suite, jusqu´en … 1977, quand enfin l´ ONU
(comme toujours, mieux vaut tard que jamais !)
– va adopter une résolution invitant tous les pays à
consacrer la journée du 8 mars à la célébration et
à la reconnaissance des droits de la femme.
Et voilà comment cette date puise ses origines
des faits historiques, mais aussi elle symbolise un
long processus de luttes et de revendications de
milliers de femmes du monde entier.

MAIS QU`EN EST- IL DES FEMMES DANS LE MONDE ARABE ?
Une autre idée reçue en Occident, fait croire que là- bas,
l`émancipation des femmes serait ou nulle, ou dans le
meilleur des cas, « une émulation européenne »…. Ce qui est faux.
Le paradoxe de l`histoire de l`émancipation des femmes arabes,
est que c´est un homme, QASSEM AMINE, qui le premier « osa »
publiquement revendiquer pour les femmes : la modernité.
C´était en 1899, à l`occasion de la parution de son livre
« Tahrir al-maraa » (La libération de la femmes).
Pour la première fois dans le monde, les droits de la
femme sont abordés, suscitant un véritable tollé au
sein de la société égyptienne.

QASSEM AMINE FUT CONTINUELLEMENT ATTAQUÉ
PAR LES CONSERVATEURS RELIGIEUX, ET CE, JUSQU`À SA MORT.

Puis une femme reprit le flambeau. HODA CHAARAWI, qui
en 1929 fonde l`Union féministe égyptienne (la première dans le monde arabe). Cette institution vouée aux droits humains, va tenir un rôle majeur dans l’amélioration du statut de la femme et de la famille. Elle sera suivie
par la tenue de la première conférence internationale pour les femmes.
1938 : Hoda Chaarawi participe avec un groupe de féministes
à l’élaboration du premier statut personnel égyptien.
Durant la même année, elle appelle à la tenue de la
première conférence pour les femmes de l’Orient
afin de discuter de la cause palestinienne
Et ainsi, successivement, d´autres illustres femmes arabes
poursuivront la lutte, unies dans le partage des tâches.
A l`image de Fatma Rached qui en 1942 fonde le
parti féministe égyptien pour revendiquer l’égalité
entre les deux sexes et l’accès aux postes-clés.
1949 : Dorriya Chafiq fonde l’union Bint Al-Nil, qui a eu
pour mission d’améliorer les niveaux social et culturel
de la famille égyptienne. 1951 : La création du comité féministe
pour la résistance populaire et la revendication pour que
la femme égyptienne accède au Parlement.

Ces femmes réussisaient, parce qu`elles étaient unies.
Pas de rivalités entre ces vétéranes, les unes écrivaines,
poétesses, les autres professeurs - seulement une solidarité,
réelle et efficace qui a permit l`avancement des femmes
dans l`acquis de leurs droits aux études, au travail, et à
un rôle politique dans leur société.
Ce rappel permet de constater que dés le début du XXe siècle,
le plus gros travail en faveur de l`émancipation des femmes
égyptiennes a été réalisé par ces femmes courageuses.
Même si de nos jours le statut familial de l`égytienne
demeure imparfait à cause du poids de la« sharia » (loi islamique).
En effet, "en face", les radicaux religieux veillent à saper
les efforts des femmes. L`Histoire l`a déjà suffisamment
démontré. À chaque fois que dans un pays musulman,
la modernité pointe son nez, les islamistes surgissent,
pour déstabiliser la société ; si ce n`est
par l`intimidation morale, ce sera par la violence. Comme en Algérie, dans les années 90, où pour la première fois,
des femmes étaient tuées parce qu`elles refusaient de porter le voile !

Maintenant, les radicaux islamistes, n`ont plus la « nécessité »
de terroriser les femmes pour les obliger à se voiler –
Bush et ses acolytes le font à leur place…
Pour mémoire, je rappelle "qu´ils" ont détruit l`Irak,
où les femmes jouissaient de droits que sauf la
Turquie et la Tunisie, dans le monde musulman,
avaient octroyés aux femmes. L´ex Afghanistan socialiste,
où "grâce" aux américains, les talibans ont pu renvoyer
les femmes aux temps des cavernes… maintenant il « paraît »
qu`on les combat encore… Au Liban, pays moderne et
pacifique entre tous, « on » leur a « greffé » Israël et le Hezbollah…
Quant à la Palestine, pays où le peuple est le plus
alphabétisé du monde arabe, c´est toujours une plaie ouverte
à la face du monde…. Depuis plus de 60 ans!)

Alors, comment s´étonner qu’en cette ère du XXIe,
dans cette terre de pionnières féministes, 90%
des femmes portent le voile. Non pas que le voile soit
un obstacle pour les études, et le travail, mais
c est une manière de capturer « autrement » l`élan
des femmes vers la modernité. Ce mouvement de repli
sur soi, face aux guerres mortifères de leur région,
est pareil pour les hommes, qui, mobilisés dans la
colère et la frustration, demeurent dans l`incapacité
émotionnelle de « penser » l´avenir.

Cependant, plus que jamais les appels de Qassem Amin
sont encore d’actualité.

Mais hélas, en cette journée du 8 mars,
si les femmes occidentales ne manquent jamais de rendre
hommage à leurs pionnières du féminisme, et à toutes
celles qui ont contribué à faire avancer les droits
des femmes, dans les pays arabes, on favorise plutôt
l`actualité politique immédiate, au détriment de l`histoire.

Beaucoup, parmi celles qui ont lutté et souffert pour éveiller
les consciences dans leurs sociétés sont encore
« silenciés ». Car dans certains pays arabes,
la « mentalité de harem » a pris le pas sur l`esprit
solidaire propre aux femmes qui ont pris des risques
afin que celles d`aujourd´hui puissent en profiter et
s´en servir. En cette ère de "démocratie des mensonges"
dans certains pays arabo-musulmans, le voile ne cache
pas seulement les cheveux des femmes,
il a aussi ensevelit une certaine
intégrité morale et intellectuelle là-bas ...
C est pour toutes ces raisons, qu’ en dépit de
l`honneur que me font les femmes de ce pays
en m`associant aux festivités de cette journée,
je me sens triste en pensant à cette citation –
ô combien vraie! "
"Comme on fait la guerre avec le sang des autres, on fait
fortune avec l`argent d`autrui."... (André Suarès)

Malgrè tout, l`espoir demeure vivant... Vive le 8 mars des femmes libres et authentiquement debouts!