dimanche, octobre 04, 2009

Qui A Perdu A l' UNESCO?? ...

Contrairement à l' article de Alaa Al Aswany,(publié par leMonde.Fr) je ne pense pas que l' Egypte ait perdu dans ce tournoi de l' UNESCO!

Cependant que je suis d' accord sur le fond du point de vue de l' auteur égyptien, mais pas du tout conforme avec sa conclusion..
. Car ce n' est pas "le peuple égyptien" qui a été l' artisan de l' échec de
Farouk Hosni, ni a contesté le choix de son président quand il a désigné son ministre de la culture pour ce poste...( c' est quand même facile de sortir toujours l' argument éculé " du peuple qui n'a pas "choisi" son président!).

Dans cette déroute diplomatique, ce sont TOUS les gouvernants des pays arabes, africains et musulmans qui sont concernés. Chacun d' eux, pense moins au "prestige" du pays qu' il dirige, qu' à celui de sa personne dans la durée du pouvoir!

***
La savane du pouvoir est un monde parsemé de mégalomanes fourbes et trompeurs...


Gerard Mendel, fondateur de la sociopsychanalyse, avait bien défini l' exercice du pouvoir comme étant "un vol et une duperie où l' on se floue soi-même"

Dans le cas de la bataille diplomatique pour le fauteuil de Directeur Général de l' Unesco, (ou n' importe quel office international) - et en particulier le délire du prestige personnel pour briguer le prix Nobel de la Paix, tout est faussé par la rapine des sphères d'influence géo-politique à géométrie variable ... dans lesquelles, contrairement à ce que l' on croit "l' ennemi de mon ennemi" est rarement un ami! Mais seulement le masque d'une hyène ricanante...

De même que pour la "fameuse polémique" autour de l'élection au poste de Directeur Général de l 'UNESCO, dans le choix de l' égyptien Farouk Hosni ou de la bulgare, Irina Bokova... pour ma part, je crois que les deux se valent dans l' intérêt de "leurs ennemis et amis de leurs ennemis" respectifs.

Dans le sens où encore une fois, on a vu Israël dans le jeu de sa double face et le haut niveau de son machiavélisme tout azimut, aveuglant comme toujours les crétins at-large!

Car ce qui saute aux yeux, c' est que Irina a eu le soutien des héraults fanatiques du sionisme va-t-en guerre que sont les Wiesel, Bernard H Lévi, Guxman & triste Cie.

Quant à Farouk Hosni, il a eu l' aval d' Israël, allié à la sympathie militante de Serge Klarsfeld!
( lire son interview à ce sujet dans ce lien) -> http://oulala.centerblog.net/236-serge-klarsfeld-et-le-lobby-juif-

Voilà ce qui s' appelle un bien sournois "partage des tâches" cher à Israël, dans lequel, les mêmes sionistes accomplissent des tâches de propagandes ( la paix, la culture, l' humanitaire,etc) et justifient ses actions militaires.

Alors, contrairement à cet excellent article de Alaa-Al Aswany,
je pense que ce n' est pas l' Egypte qui a perdu ( elle restera toujours l' enfant chéri de l' Occident)... mais je répète, ce sont, les chefs d' Etats Arabes, du Maghreb jusqu' au Machrek, sans compter ceux, musulmans dans le monde, toujours en panne d' idées et de solidarités, et qui n' en finissent plus de ridiculiser leurs peuples et de tomber dans le piège de ce pervers sionisme, méchant sans doute, mais ô combien malin!!!!!!!!!
***

Et maintenant à vous de juger!!

Point de vue
Qui a perdu à l'Unesco ?, par Alaa Al-Aswany
LE MONDE | 03.10.09 | 14h27

Depuis dix ans, mes amis et moi avons pris l'habitude de tenir chaque jeudi une sorte de salon littéraire auquel participent des amoureux de la culture de tous âges et de toutes tendances. Cette semaine, une trentaine de personnes y assistaient. "Qu'avez-vous ressenti en apprenant que (le ministre de la culture égyptien) Farouk Hosni avait perdu l'élection au poste de directeur de l'Unesco ?", leur ai-je demandé.
Je fus surpris des réponses. Une personne déclara que Farouk Hosni avait été traité de manière injuste alors qu'il méritait le poste en raison de ses talents, et deux personnes affirmèrent regretter qu'une fonction internationale de premier ordre ait ainsi échappé à l'Egypte. Tous les autres participants, en revanche, avouèrent qu'ils avaient accueilli avec plaisir la défaite de Farouk Hosni.
Le même jour, en lisant les commentaires laissés par des Egyptiens sur divers sites Internet, je constatai également que la plupart se disaient satisfaits de cette défaite. Cela me parut étrange, car les Egyptiens sont très attachés à leur pays et éprouvent de la fierté chaque fois que l'Egypte remporte un succès sur la scène internationale. Je me souviens encore de l'immense vague de joie qui avait déferlé d'un bout à l'autre du pays à l'annonce officielle de l'attribution du prix Nobel de littérature à Naguib Mahfouz. Lorsque Ahmed Zewail remporta un Nobel de chimie, j'eus l'occasion de l'accompagner dans ses déplacements en Egypte et fus le témoin de l'accueil enthousiaste qu'on lui réservait partout où il allait.
Pourquoi les Egyptiens se sentiraient-ils fiers d'Ahmed Zewail et de Naguib Mahfouz, alors que beaucoup d'entre eux ont accueilli avec satisfaction la nouvelle de la défaite de Farouk Hosni à l'élection du directeur de l'Unesco ? Aurait-il été victime d'une conspiration sioniste visant à l'écarter ? Quelque trahison aurait-elle précipité sa défaite au dernier tour ? Je résumerai la réponse dans les points suivants.
Le ministre Farouk Hosni n'a jamais été élu par les Egyptiens. Lorsqu'il fut nommé, c'était un parfait inconnu, tant sur le plan artistique - Hosni est peintre - que politique, et il est resté à son poste depuis vingt-deux ans non parce que les Egyptiens apprécient son action, mais parce qu'il bénéficie du soutien du président Moubarak. Du fait que le président Moubarak dirige le pays depuis trente ans sans s'être présenté une seule fois à une véritable élection, les Egyptiens estiment que Farouk Hosni fait partie du régime qui leur est imposé, un régime qui, par sa corruption, son ineptie et son despotisme, est la cause de la misère dans laquelle vivent des millions d'Egyptiens.
En ce qui concerne en revanche Ahmed Zewail, Naguib Mahfouz, Magdi Yacoub et d'autres de leurs compatriotes internationalement reconnus, les Egyptiens les aiment parce que ce sont des hommes indépendants qui ont lutté pour réaliser ce qu'ils ont fait, en dehors du régime et, parfois même, en dépit du régime.
La candidature de Farouk Hosni au poste de directeur général de l'Unesco s'est accompagnée d'une intense campagne médiatique, comme s'il menait une bataille décisive dont dépendait le sort du pays. Il y a deux raisons à cela : tout d'abord, comme c'est le président Moubarak lui-même qui l'a sélectionné pour être candidat, l'auguste souhait présidentiel a justifié la mobilisation des rédacteurs et des responsables gouvernementaux afin d'appuyer et acclamer Farouk Hosni. La seule tâche de ces gens est de battre le tambour pour tout ce que veut, dit ou même pense le président.
La seconde raison est que Farouk Hosni a réussi à rallier de nombreux intellectuels au régime, au sens où il les a directement liés au ministère de la culture par des intérêts sonnants et trébuchants, qui vont des contrats temporaires signés avec de jeunes intellectuels jusqu'aux congés exceptionnels complaisants, aux projets superflus et aux commissions fantômes dont les membres sont comblés d'avantages visant à s'assurer leur loyauté, sans oublier les intellectuels de renom à qui le ministère verse de grosses sommes d'argent au motif qu'il les emploie comme consultants.
Farouk Hosni s'est donc constitué sur la scène culturelle égyptienne une véritable milice armée toujours prête à le défendre, qu'il ait raison ou pas. Ces gens ont bien entendu tout fait pour manifester leur enthousiasme à l'annonce de la candidature du ministre, sans s'interroger sur ses réelles capacités à occuper le poste.
Farouk Hosni incarne parfaitement l'image du responsable d'un régime despotique. Tout ce qui lui importe est de plaire au président afin de conserver sa place au gouvernement. Il est prêt à y parvenir par tous les moyens et à n'importe quel prix, et il a un talent remarquable pour défendre avec le même enthousiasme une idée et son contraire.
Les exemples sont innombrables : il a défendu la liberté d'expression pendant la crise déclenchée par le roman Le Festin des algues de mer, de l'écrivain Heidar Heidar, mais n'a pas hésité ensuite à faire saisir trois livres pourtant imprimés par le ministère de la culture. La personne responsable de leur publication fut limogée. Hosni ordonna ensuite la saisie des exemplaires du Da Vinci Code et interdit que le film tiré du livre soit projeté en Egypte.
Lors d'une rencontre avec des députés membres des Frères musulmans, le ministre fit sa célèbre remarque où il promettait de brûler les livres israéliens, avant de se rétracter et d'exprimer ses excuses dans un article publié dans Le Monde. Voulant prouver sa tolérance à l'égard d'Israël, il invita alors le chef israélien Daniel Barenboim à diriger un concert à l'Opéra du Caire, passant ainsi outre à l'interdiction de toute normalisation avec Israël - interdiction dont il s'était targué peu avant de l'appliquer rigoureusement. Personne ne peut donc prétendre connaître les véritables opinions de Farouk Hosni, car il ne fait pas ce qu'il croit être juste, mais ce qui lui permet d'atteindre ses objectifs.
Farouk Hosni se fait à présent passer devant l'opinion égyptienne pour la victime d'un complot sioniste occidental visant à empêcher les Arabes et les musulmans de diriger l'Unesco. C'est faux, car un musulman noir sénégalais, Amadou-Mahtar M'Bow, a effectué deux mandats successifs à la tête de cette organisation, qu'il a dirigée durant treize années consécutives, de 1974 à 1987.
Il est également faux d'affirmer qu'Israël et les pays occidentaux lui étaient hostiles. Après les excuses que celui-ci a présentées dans Le Monde, le ministère israélien des affaires étrangères a officiellement fait savoir qu'il les acceptait. Le premier ministre israélien, M. Nétanyahou, a plus tard déclaré au président Moubarak qu'Israël ne s'opposerait pas à la candidature de Farouk Hosni, et la France a annoncé officiellement qu'elle voterait pour lui à chaque tour de scrutin. Quant à l'hostilité américaine à sa candidature, elle était honnête et franche, l'administration américaine ayant dit dès le départ au gouvernement égyptien qu'elle était prête à soutenir tout candidat égyptien autre que Farouk Hosni.
Dans ces circonstances, où est donc le complot ? Les journalistes proches de M. Hosni estiment que les arrangements conclus en marge de la réunion de l'Unesco en faveur de la candidate bulgare sont une forme sournoise de complot, mais ils oublient que leur candidat a lui-même procédé à de tels arrangements avec ceux qui ont voté pour lui, et que ces tractations sont dans la nature de toute élection libre, où qu'elle ait lieu.
La candidate bulgare, Irina Bokova, a obtenu le poste de directrice de l'Unesco pour la simple raison qu'elle était mieux qualifiée. Elle est plus jeune que lui, bénéficie également d'un haut niveau d'éducation, puisqu'elle est diplômée de l'université du Maryland et de Harvard, et possède une expérience des postes internationaux que n'a pas Farouk Hosni. Mais surtout, elle a des opinions arrêtées sur tout, dont elle ne dévie pas et sur lesquelles elle ne se rétracte pas. Elle est une championne de la démocratie et de la liberté, et non la ministre d'un régime despotique qui truque les élections et réprime ses opposants.
Au final, ce sont Farouk Hosni et le régime égyptien qui ont perdu cette élection, tandis que le peuple égyptien n'a rien perdu puisqu'il n'a jamais choisi Farouk Hosni ni élu le président Moubarak, qui l'a soutenu après l'avoir désigné comme candidat. Farouk Hosni était le candidat du régime, pas le candidat de l'Egypte, et il existe des centaines de personnes qualifiées qui auraient pu mieux que lui prétendre à diriger l'Unesco, mais le président Moubarak ne les a pas désignées car il voulait donner ce poste à Farouk Hosni et à nul autre, et parce que la volonté du président passe avant toute autre considération.
Des millions de dollars - l'argent de pauvres Egyptiens - ont été gaspillés à faire campagne pour Farouk Hosni dans une bataille perdue d'avance. Mais nous avons également constaté qu'il n'y a qu'en Egypte, et pas à l'étranger, où l'on doive se plier à la volonté du président, car dans des institutions comme l'Unesco, ce sont les mieux qualifiés qui obtiennent les postes. La seule solution, c'est la démocratie.

Alaa Al-Aswany est écrivain. Ce romancier, dentiste de profession, né en 1957, est l'un des auteurs égyptiens les plus connus. Célèbre pour son ouvrage L'Immeuble Yacoubian (Actes Sud), il n'a de cesse de jeter sur son pays un regard drôle et critique à la fois. J'aurais voulu être égyptien (Actes Sud), malmené par la censure dans les années 1990, est de la même veine. Combattant l'intégrisme et la dictature, il considère que rien ne justifie l'absence de démocratie
Traduit de l'anglais par Gilles Berton ©2009 Shorouk Newspaper


Article paru dans l'édition du 04.10.0