le 24/03/1980 |
Depuis 2011, le
Qatar intervient directement en tant qu’acteur politique dans une perspective
de puissance. Comment comprendre l’implication de l’émirat dans ces mouvements
djihadistes, qui de Tunis, en Libye, Egypte, Syrie et jusqu’au Sahel, ont
généré tant d’assassinats, d’exode de
population et de fractures impitoyables dans le monde Arabe, si l’on ne connaît pas vraiment l’Emir
qui le dirige ? Il est UN dans un TOUT – chargé de « remodeler » selon le NOM ( nouvel Ordre Mondial) le monde Arabe… D’ autant plus, qu’avec sa chaîne de télévision
Al Jazira, on assiste à de véritables appels aux meurtres, suivis d’exécutions,
comme cela a été perpétré contre le Cheikh Muhammad Saïd Ramadan al-Bouti, qui ouvre ainsi le premier volet de ma trilogie sur l' Emir du Qatar... Et ce, à partir de mes sources personnelles engrangées au cours de mes années d' enquêtes, pour les besoins de mon livre ( qui demeure une étude inépuisable, inédite et toujours d' actualité). Mais aussi de vie et des nombreuses relations tissées dans tout le Proche-Orient Arabe... A une époque où rares étaient les journalistes, écrivains et autres "affairistes"avides , qui pouvaient se targuer d' avoir accès au monde "profond" de l' opinion Arabe.
I-Syrie,
assassinat du Cheikh Al-Bouti
"Celui qui tue un croyant intentionnellement
sa rétribution sera la Géhenne dans laquelle il demeurera toujours ;
Dieu est en colère contre lui, l'a éloigné de Sa miséricorde (la'ana) et
a préparé pour lui un châtiment énorme" (Coran 4/93).
Comment arrive-t-on à fonder sa vie sur la mort des autres ? La vie, comme revanche,
pouvoir, puissance. Du Qatar fut lancée la fatwa du Cheikh al-Qaradawi, tribun religieux
sur Al-Jazira, appelant publiquement à l’assassinat de « toute
personne, y compris les savants religieux, s’opposant à l’armée syrienne
libre », le bras armé de l’opposition syrienne.
Est-ce
cela l’Islam ? Des religieux ordonnant la mort de musulmans, allant jusqu’à
se réjouir du lynchage à mort de Mouammar Kadhafi, à la télévision qatarie. Il
semble, qu’à l’exemple de Bush, qui « parlait » avec Dieu, les
cheikhs « téléislamistes » de la fitna et de la mort fratricide,
parlant au nom d’Allah, finissent par
devenir des fous dangereux!
A l’
opposé, nous avons Cheikh Al-Bouti, un homme pieux, tranquille, savant, érudit, prêchant la paix
et le « juste milieu » en toute circonstance.
C’est ce grand homme,
que j’ai connu en 1980, bien avant que le public algérien, et autres pays
arabes ne le découvrent. Il était alors doyen de la faculté de la Shari’a et
professeur à l’université de Damas. Dans mon livre « Ordalie des Voix »,
(Paris, 1983) - je ne rapporte qu’un fragment de notre long entretien,
enregistré dans une cassette, concernant l’émergence de mouvements islamistes pas encore « Djihadistes »,
mais plutôt orientés vers l’instauration d’une shari'a radicale dans les
pays musulmans, visant principalement les femmes.
Aujourd'hui en réécoutant, sa voix et ses paroles dans cet
enregistrement d’il y a plus de trente ans, je comprends qu’un tel homme, racé,
au maintien délicat, à l’esprit riche de toute son érudition savante,
représentant le mieux, l’Islam des Lumières – était destiné à mourir en martyr.
Sacrifié, comme avant lui, tant de justes le furent, en Son Nom, paix (Islam), par ces « islamicides »,
bras armés d’un Dajjal qui n’a eu de cesse de diviser l’Islam en 73 sectes.
En vérité, Cheikh
Al-Bouti, était un être de grande noblesse morale, spirituelle et physique, face
aux brutes, braillards, bouffis de toute la laideur dont Allah les a pourvus
physiquement, comme pour annoncer d’avance la noirceur de leur cœur aride et
sans pitié.
Seul, contre ces
spécialistes des « fatwa de la mort », Cheikh Al Bouti, en appelait à
la miséricorde et à la préservation de toute vie. Comme durant la décennie sanglante en Algérie, pendant que Al Qaradawi faisait via Al Jazira son show manipulateur des souffrances du peuple algérien, Cheikh Mohammed Saïd Ramadan Al-Bouti, était
un des rares, parmi les savants musulmans, à
condamner les assassinats et à
exhorter les terroristes à la raison, en leur démontrant par des versets clairs, et des hadiths
irréfutables que leurs actes n’avaient
rien à voir avec le Djihad.
Mais encore, le 13
juin 2011,
pendant la répression de la Révolte syrienne de 2011, lorsqu’il publia une fatwa interdisant aux militaires de tuer
des civils.
Aussi, en rendant cet
hommage à la mémoire de Cheikh Al-Bouti, je déplore la perte d’ un esprit des
Lumières de l’ Islam, dont on avait bien besoin, en ce troisième millénaire, qui
semble avoir sonné de par le monde, et surtout en Occident, la grande chasse à l’ Islam et le harcèlement
des musulmans, quand ce ne sont pas eux-mêmes qui se chargent de la sale
besogne, en s’ éliminant les uns, les autres !
Par
conséquent, il ne s’agit pas de prendre parti, pour le gouvernement, ni aucun
des groupes « rebelles » dans un conflit qui a déjà fait couler trop
de sang du peuple syrien. Car, ils sont tous coupables de la destruction et du
chaos de ce beau pays, jadis terre de raffinement, et d’un certain art de vivre…
Barbares confrontés au vide de leur âme asservie aux desseins de leur pire
ennemi, le sionisme, dont ils ont fait le vainqueur de leur décadence
Tel est
le monde musulman d’aujourd’hui, où pas même un semblant de Miséricorde n’apparaît
d’ entre ces pays pour condamner un tel abominable meurtre.
Un seul pays, l' a fait. L’Algérie,
se distinguant par son courage et son indépendance politique, en condamnant haut et fort l’assassinat de Cheikh
Mohammed Saïd Ramadan al-Bouti !
C’est ainsi, que les imams algériens, ont rendu vendredi un hommage au martyr
Cheikh Al-Bouti, tué jeudi avec son
petit-fils et 47 disciples, lors d’un attentat terroriste à la mosquée Al _Imane
de Damas.
Il avait eu 84 ans le 21 mars dernier... Mais il aura eu une grande et belle vie. Son assassinat, avec celle de son petit fils et tous ces innocents musulmans qui écoutaient son enseignement dans la mosquée, marqueront à jamais du sceau de l' infamie, leurs meurtriers et leurs commanditaires.
Finalement, malgré l' horreur du geste lâche et mécréant, cet attentat terroriste contre Sheikh Al-Bouti, est en lui-même une reconnaissance de la grandeur de oeuvre, en lui désignant une tombe d' honneur ( qu' il n'aurait sans doute pas eu s' il était mort dans son lit) ... Car, il a été inhumé à Damas, samedi 23 mars, près de la tombe du célèbre sultan Salah Eddin ( SALADIN), qui reprit Jérusalem aux Croisés en 1187, sur ordre du gouvernement
syrien. Tout un symbole de prédestination aussi dramatique que grandiose!
Que Allah t’accueille
dans l’immensité de son paradis, Cheikh Al Bouti, car ton nom demeurera pour toujours, dans les plus
belles pages de l’ Histoire de la Syrie, et ta mémoire dans le cœur de ton peuple,
dans celui de tous les musulmans sincères, et particulièrement les
algériens - un modèle de bonté, lucidité, de courage et de modération… ainsi
qu’ une malédiction de plus sur tous les
extrémismes destructeurs !
انا لله وانا اليه راجعون
A suivre... « Défis et Soumission de l’Emir »