Félicitations Au Peuple Egyptien !
«La voix du peuple est la voix de Dieu. Il est impossible d’ imaginer rien de plus sensé que ce qu’a imaginé le peuple. » Nicolaï Gogol
Qui n’a pas vibré de joie et de fierté pour la victoire éclatante des peuples tunisien et égyptien contre leurs dictateurs, doit aller consulter un médecin d’urgence, (rire) !
Mémoire...
Tout s’est passé à une telle vitesse hallucinante qu'on ne sait plus si on rêve… Mais non, on se rappellera à jamais, ce mercredi 22 Décembre 2010 de l’immolation de Mohamed Bouazizi ! Sa mort a été l’étincelle tragique et magique à la fois, qui s 'est propagée de Sidi Bouzid jusqu’ au centre du pouvoir à Tunis. Des centaines, devenus des milliers de personnes manifestent leur rejet du régime policier et prédateur de Ben Ali.
Vendredi 14 Janvier 2011 le président a pris la fuite… l’incroyable est devenu réalité.
En 1 mois, les tunisiens ont fait tomber les 23 ans d’un régime épouvantable, tenu par un clan familial rapace et cruel ! Tout cela au prix de 219 morts et 510 blessés (selon l’ONU).
Or, voilà, que telle une course de relais, le bâton de la liberté est passé aux Egyptiens! La clameur est lancée de Face Book (plus de 90000 signataires) jusqu’ au bord du Nil., appelant à manifester contre la répression avec pour slogan "le 25 janvier, je reprends en mains les affaires de mon pays", le même que celui, scandé par les tunisiens. Cette journée coïncide avec la "Journée de la police", un jour férié destiné à rendre hommage aux forces de l'ordre.
Et c’est parti !
Au 18ème jour de la révolte, la rue égyptienne renverse son président au pouvoir depuis 30 ans, dans le sacrifice de 300 morts, plus de 3000 blessés et des centaines d’arrestations !
L’Egypte vient de battre le record de la révolution la plus rapide dans le monde Arabe!
Quant à moi, je suis épuisée, d'avoir marché durant deux mois, entre la Tunisie et l'Egypte, (entendre virtuellement) ... Pourtant, j' ai bien passé deux mois de veilles entre la télévision, l’ internet et les coups de téléphone en Tunisie et en Egypte, pour avoir des nouvelles de mes amis, cependant que mon bonheur est ineffable. Car vous m’avez tous fait revivre la passion et l’ espoir grandiose du jour de l’ indépendance de mon pays, l’ Algérie du 5 Juillet 1962. Quand malgré ma jeunesse, je sentais que je vivais l’ Histoire, tout comme aujourd'hui, chacun et chacune de vous en Tunisie et en Egypte… Ce sentiment fort de solidarité et de fraternité, nul ne peut le ressentir, si ce n' est toi et moi... parce que nous sommes un seul peuple, du Maghreb, jusqu’ en Palestine ! Maintenant que tous les espoirs sont permis grâce à cette merveilleuse jeunesse arabe, debout en ce XXI siècle, je prie Dieu, de pouvoir vivre un autre moment historique avec la libération de la Palestine !
Pour terminer, je souhaite de tout mon cœur, que les peuples tunisien et Egyptien, veillent bien, à ne pas se laisser voler leur révolution par les politiciens, quelle que soit l’idéologie à laquelle, ils appartiennent ! Car non seulement, le monde vous regarde, mais aussi et surtout, les peuples Arabes, à qui vous avez rendu leur fierté.
Tout cela, en n' oubliant jamais que c'est Mohammed Bouazizi, qui par son geste de colère et de désespoir a déclenché le vent de la liberté dans le monde Arabe.
Et maintenant place à la poésie en hommage à toutes nos révolutions présentes et à venir!
A l' inoubliable et toujours vive lutte de Libération de l' Algérie de Novembre 1954,
à la Tunisie du 14 Janvier 2011 (ou du 22 Décembre 2010) et à l' Egypte du 25 Janvier 2011, sans oublier la Palestine dans nos coeurs... Avec, ces poètes, parmi lesquels, l' un est de ma famille, et les autres furent mes amis, sont placés ici, par ordre d' âge... Abulkacem CHABBI, Bachir HADJ ALI, Ahmed Fouad NAJM et Mahmoud DARWICH!
***
Tu es né libre comme l’ombre de la brise Et libre telle la lumière du matin dans le ciel. Là où tu allais, tu gazouillais comme l’oiseau Et chantais selon l’inspiration divine. Tu jouais parmi les roses du matin Jouissant de la lumière là où tu la voyais. Tu marchais –à ta guise- dans les prés, Cueillant les roses sur les collines. Ainsi Dieu t’a conçu, fils de l’existence
Et la vie ainsi t’a jeté dans ce monde.
Pourquoi accepter la honte des chaines
Pourquoi baisser le front devant ceux qui t’ont enchaîné ?
Pourquoi étouffer en toi la voix puissante de la vie
alors que retentit son écho ?
Pourquoi fermer devant la lueur de l’aube tes paupières illuminées
alors qu’est douce la lueur de l’aube ?
Pourquoi te satisfaire de la vie des cavernes ?
Où donc est le chant ? Et où le doux élan ?
Aurais-tu peur de la beauté du chant céleste
Craindrais-tu la lumière de l’espace dans la plénitude du jour ?
Allons, réveille-toi, prends les chemins de la vie
Celui qui dort, la vie ne l’attend pas.
N’aie crainte, au-delà des collines,
Il n’y a que le jour dans sa parfaite éclosion.
Que le printemps commençant de la vie
Qui brode des roses dans l’ampleur de sa cape.
Que le parfum des roses matinale
La danse des rayons sur le miroir des eaux.
Il n’y a que les pigeons élégants
Qui roucoulent sans fin dans las prairies
A la lumière ! La lumière douceur et beauté A la lumière! La lumière est l' ombre des Dieux.
***
Bachir Hadj Ali (1920 -1991) est un poète algérien.
Serment :
Je jure sur la raison de ma fille attachée
Hurlant au passage des avions
Je jure sur la patience de ma mère
Dans l'attente de son enfant perdu dans l'exode
Je jure sur l'intelligence et la bonté d'Ali Boumendjel
Et le front large de Maurice Audin
Mes frères mes espoirs brisés en plein élan
Je jure sur les rêves généreux de Ben M'Hidi et d'Inal
Je jure sur le silence de mes villages surpris
Ensevelis à l'aube sans larmes sans prières
Je jure sur les horizons élargis de mes rivages
A mesure que la plaie s'approfondit hérissée de lames
Je jure sur la sagesse des Moudjahidine maîtres de la nuit
Je jure sur la certitude du jour happée par la nuit transfigurée
Je jure sur les vagues déchaînées de mes tourments
Je jure sur la colère qui embellit nos femmes
Je jure sur l'amitié vécue les amours différées
Je jure sur la haine et la foi qui entretiennent la flamme
Que nous n'avons pas de haine contre le peuple français.
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Ahmed Fouad Najm ( 1929) Poète Egyptien
Quand le soleil se noie dans une mer de brume,
Quand une vague de nuit déferle sur le monde,
Quand la vue s'est éteinte dans les yeux et les cœurs,
Quand ton chemin se perd comme dans un labyrinthe,
Toi qui erres et qui cherches et qui comprends,
Tu n'as plus d'autre guide que les yeux des mots. »
***
Mahmoud Darwich
Si nous le voulons
Nous deviendrons un peuple, si nous le voulons,
quand nous saurons que nous ne sommes pas des anges et que
les autres n’ont pas l’exclusivité du mal
Nous deviendrons un peuple quand nous n’adresserons
plus de prière de remerciement à la patrie sacrée chaque fois que
le pauvre aura trouvé de quoi dîner
Nous deviendrons un peuple quand nous insulterons
le chambellan du sultan et le sultan en personne sans avoir à
passer au jugement
Nous deviendrons un peuple quand notre poète écrire
un poème licencieux sur le ventre de la danseuse
Nous deviendrons un peuple quand nous oublierons
ce que nous dit la tribu, quand l’individu élèvera à un rang
supérieur les petits détails
Nous deviendrons un peuple quand un écrivain
regardera vers les étoiles sans affirmer : Notre pays est plus
haut…et plus beau
Nous deviendrons un peuple quand la police des
mœurs empêchera qu’une prostituée et une femme adultère
soient rouées de coups publiquement
Nous deviendrons un peuple quand le Palestinien ne
se souviendra plus de son drapeau que dans les vastes terrains
de font, les concours de beauté et le jour de la Nakba
Nous deviendrons un peuple, si nous le voulons, quand
on autorisera le chanteur à psalmodier un verset de la sourate Le
Miséricordieux lors d’une fête mixte de mariage
Nous deviendrons un peuple quand nous respecterons
la justesse comme l’erreur.