lundi, décembre 22, 2014

Soutien à Kamel Daoud... NON à la présence de BHL parmi les signataires!

L'encombrant soutien du sioniste Bernard -Henri Lévy avec à sa traîne le lobby sioniste de France, est une nouvelle aussi répugnante et intolérable que les menaces de mort d' un imam salafiste contre l'écrivain Algérien Kamel Daoud! Le philosophe raté a toujours justifié les attaques d' Israël contre Gaza-Palestine. Mais aussi, cet imposteur intellectuel et belliciste fanatique quand il s'agit d'Israël, n'a-t-il pas déclaré que "ces printemps arabes, c'est bon pour Israël !"   L'appui de ces intellectuels /les  islamophobes français,  aussi équivoque, que cynique avec Kamel Daoud, déshonore principalement l'écrivain algérien, ainsi que l' Algérie des hommes et des femmes d' honneur en lutte contre les intégristes de tous bords
                                 *** Aujourd'hui, l'Algérie qui a connu les affres "de la décennie sanglante dans les années 90, se doit de s' élever contre cet appel au meurtre lancé par Abdelfatah Hamadache, qui se présente comme le chef du Front de l’éveil salafiste libre,  contre Kamel Daoud! Je me solidarise donc, avec mon collègue écrivain, quelles que soient les critiques que je puisse faire  à son roman. Je ne suis pas d'accord avec sa perception de l'Algérie, de son peuple, de l'Islam  et de la cause Palestinienne, mais je soutiens sans réserve sa liberté d’opinion et son droit à la vie . C’est d’ autant plus abominable que cette appel au meurtre,  proféré par Mr Hamadache, est brandi au nom de l’Islam !  

Quand on sait que dans le Coran, ( 5:32) il est dit : "Celui qui a tué un homme qui lui-même n'a pas tué, qui n'a pas commis de violence sur terre, est considéré comme s'il avait tué tous les hommes",(Coran 5:32) -   c’est lui-même qui se condamne devant Dieu et les hommes,  pour son intention criminelle contre un écrivain qui n’a tué, ni agressé personne.  

Toutefois, si Kamel Daoud a pu choquer, ou scandaliser par l’audace de sa pensée ou de sa parole, dans notre pays à majorité de musulmans,  il faut rappeler que la liberté de conscience est le fondement de l' Islam, clairement soulignée ici: « " Quiconque le veut, qu’il croie, et quiconque le veut qu’il mécroie. " (sourate 18 verset 29).  

Par ailleurs, je crois en mon âme et conscience,  que les idées ne peuvent être controversées que par d'autres idées. Et la diffamation, le dénigrement et les injures personnelles, ou contre un groupe de personnes, un peuple, visant l'ethnie ou la religion, doivent être combattues par un recours à la Justice.

Cela dit, j’aurai souhaité un communiqué du gouvernement pour condamner cet appel au meurtre  contre un citoyen qui n'a fait qu'exprimer son opinion dans un livre - qu'on est libre d'aimer ou pas.  Maintenant, si un attentat se produisait contre Kamel Daoud, le pouvoir en serait responsable... Car, qui ne dit mot consent ! Et  c'est grave. Cette condamnation publique proférée par un parti salafiste ( qui existe, même il n'est pas agrée) - va créer un précédent tragique, si elle demeure  impunie par la loi!

Kamel Daoud, Arabe sans le Savoir... chez Ruquier.

" La littérature est une affaire sérieuse pour un pays, elle est au bout du compte, son visage." ( Louis Aragon)


KAMEL DAOUD, sur un plateau télé en France, nous change agréablement d’un Yasmina Khadra, avec ses airs arrogants, frisant l’agressivité, et son étrange (pour un écrivain francophone ?) verbe incohérent au français approximatif… Bref, le maintien de K.Daoud, est digne, impassible, avec son air attentif , et son verbe concis, répondant ce qu’il faut, sans se laisser démonter par le brillant et intrépide Aymeric Caron, qui l’interpelait sur l’ Algérie, et la cause Palestinienne, selon lui, durement malmenées dans son roman « Meursault, contre-enquête » …
Je dois avouer que j’aime bien Kamel Daoud. Pour le ton intentionnellement provocateur et le style d’écriture de ses « chroniques », qui me l’ont fait classer, depuis longtemps, comme un des meilleurs journalistes algériens, ayant un vrai talent littéraire et donc promu à un bel avenir d’ écrivain !

Mais soudain, voilà que dans son premier roman, finaliste du Goncourt en France, notre chroniqueur s’éclate, en entrainant avec lui, le peuple algérien, la Palestine… et le Coran ! En effet, dans ce face-face avec les journalistes, ses réponses, sur les sujets de la religion, l'arabité, et le colonialisme, il confirme ce qu'il a écrit.
« La colonisation a été une violence… C’est une blessure qui fait partie de mon histoire »

«l'arabité est un patrimoine, c'est une culture. L'arabe, ce n'est pas une nationalité, c'est une culture, une domination, une colonisation».

«La religion est un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers Dieu à pied, s'il le faut, mais pas en voyage organisé».

Mais là où K.Daoud, semble être gêné aux entournures, c'est sur la Palestine. A cette question, sur ce pourquoi n'est-il pas solidaire avec la Palestine et Ghaza,  Kamel Daoud répond:
«Si la solidarité était au nom de la race, de l'ethnie ou la confession religieuse, je ne suis pas solidaire. Maintenant, si on revient à la Palestine comme une injustice et de colonisation, là, je suis solidaire».

Autrement dit, il prend la position de  Chalghoumi ( imam controversé de Drancy, qui déclara que "le problème Palestinien ne devrait pas concerner  les musulmans de France") ...

En effet, cette réponse exprime bien tout le souci de K.Daoud de ne pas froisser l'establishment sioniste ( grand manitou de l' octroi de récompenses littéraires, et de critiques de presse "élogieuses"!). Ne sait-il pas qu'il s'agit d' un peuple subissant plus qu'une simple colonisation, mais un nettoyage ethnique, par massacres ponctuels, intermittents! À mon sens, quand on devient un écrivain célèbre, on a des responsabilités morales envers son propre peuple et un devoir de mémoire intellectuel d’humaniste envers la Palestine, qui demeure, ne l'oublions jamais -une des tragédies les plus abominables de l’histoire contemporaine !

Cela dit, même si je ne suis pas d'accord avec ses opinions, je les respecte . Aussi, qu'il soit bien clair, qu'au delà de mes critiques sur le fond de son roman, je ne retire pas une once à la qualité de son écriture, ni à son vrai talent d’écrivain, que j’aurai toujours du plaisir à lire…

Tout cela pour dire qu’en lisant ce premier roman de Kamel Daoud, faisant le « procès » de Camus, j’ai eu le sentiment que c’était plutôt lui, qui est « l’étranger » et pas A .Camus. Car ce dernier, a eu la loyauté de s’assumer français, malgré son dilemme existentiel. Athée, A. Camus n’a pas trainé dans la boue, les religions monothéistes, ou autre foi de croyants, ni ses compatriotes français!

Enfin, K.Daoud, fallait-il que l’approbation à tout prix de cette intelligentsia française arbitraire, pro-sioniste et anti-arabe, soit pour toi plus importante que ta valeur littéraire, intellectuelle et morale envers notre (le tien, le mien) peuple algérien !?  Tu vois, finalement, le Goncourt, ils ont préféré le donner à Lydie Salvayre ( immigrée espagnole d’ origine) pour son livre écrit  sur des nazis, et sur le franquisme espagnol, en dénaturant (exprès) la langue française avec un titre débile « Pas pleurer », plutôt qu’ à toi "l’Arabe", toujours oublié, sinon réduit à un alibi des esprits "bien" pensant en France. 

 En vérité,  ce ratage du Goncourt que tu méritais d'avoir, prouve qu’ il ne sert à rien d’insulter sa race et la religion de ses ancêtres pour plaire !  Albert Camus,  en transformant un fait divers en une question humaine détachée de toute contingence, nous racontait sa réalité d' étranger dans une terre qu'il avait déjà quitté dans son imaginaire. Quant à toi, il semble que c'est plus un procès que tu te fais à toi-même, plutôt qu' à Meursot, l'assassin de l'Arabe" sans nom, de si j'ose dire, de l' Etranger Camus..
En effet, ton « mal-être », ton désaccord, comme la majorité des algériens, avec l’islamisme intégriste, et l’apathie de notre peuple, sont lancés avec des mots lapidaires, que j’ai relevés en vrac dans ton texte:
- Au sujet d'Alger. «Cette capitale grotesque qui expose ses viscères à l’air libre m’a semblé la pire insulte faite à ce crime impuni...Dieu que je déteste cette ville, son monstrueux bruit de mastication, ses odeurs de légumes pourris et d’huile rance ! Ce n’est pas une baie qu’elle a, mais une mâchoire» (p. 149)
- Les Algériens : «l’accoutrement : djellaba et claquettes», «le tapis sous l’aisselle», «cette hâte hypocrite des fidèles vers l’eau et la mauvaise foi, les ablutions et la récitation» (p. 79), «l’oisiveté de tout un cosmos devenu des c... à laver et des versets à réciter» (p. 79). Tous, «chiffonnés, négligés, sans soins, sans élégance, sans soucis d’harmonie». «La voix de l’imam qui vocifère à travers le haut-parleur» (P 79), «Leur marmaille grouillant comme des vers sur mon corps» (p.79).
La mosquée : «Un minaret hideux qui provoque l’envie de blasphème absolu en moi... Je suis tenté parfois d’y grimper, là où s’accrochent les haut-parleurs, de m’y enfermer à double tour, et d’y vociférer ma plus grande collection d’invectives et de sacrilèges...» (p.149).
Le Coran : «J’ai toujours cette impression quand j’écoute réciter le Coran. J’ai le sentiment qu’il ne s’agit pas d’un livre mais d’une dispute entre un ciel et une créature (p. 75-76) plus loin : «Je feuillette parfois leur livre à eux. LE LIVRE, et j’y retrouve d’étranges redondances, des jérémiades, des menaces et des rêveries qui me donnent l’impression d’écouter le soliloque d’un vieux gardien de nuit...» (p. 81)
.Je dois dire que ces passages, loin de m'offusquer, m'ont fait rire, comme lorsqu'on se critique "entre nous" algériens - ne dit on pas qu'"il faut laver son linge sale en famille"? Mais en songeant à certains français, racistes et islamophobes, j'avais le coeur serré à l' idée de ce "cadeau" que tu leur fait avec ce livre...

Pourtant, il semble qu' en dépit de ce tableau noir, censé plaire au lecteur français, ce livre n’a été vendu qu’à seulement 8000 exemplaires ! Comme quoi, un « arabe » le restera pour toujours, en France, quels que soient sa couleur de peau, son dialecte régional ou sa fortune, n’est pas ?

En vérité, ne peut devenir Malek Benabi, Rachid Boudjedra, Mahmoud Derviche, ou Amin Maalouf, qui veut... Eux, comme les grands écrivains et penseurs de tous les temps, ont atteint l' universel par et pour le visage de leur pays.

Il n’en reste pas moins, que si Kamel Daoud, parvient à se débarrasser de sa colère et de la 
« haine de soi », je suis sûre, que lui aussi, deviendrait un grand parmi ceux et celles, qui se respectent, en portant haut, leur don du génie créateur de l'esprit humain..